L’art de montrer – Richard Hollis

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« Le Nouveau festival accorde cette année une place privilégiée à la typographie et au livre, en présentant entre autres évènements, le travail de Richard Hollis, figure majeure du graphisme anglo-saxon. Né à Londres en 1934, Richard Hollis est non seulement graphiste mais également éditeur, enseignant, auteur et historien du graphisme. Jusqu’en 1956, il suit une formation artistique à la Chelsea School of Art, la Wimbledon School of Art et la Central School of Art and Craft de Londres. Il choisit de poursuivre sa vie professionnelle à Paris où il passera une année à la direction artistique des Galeries Lafayette. Il retourne en Angleterre en 1964 à la demande de son ami Norman Potter afin de développer avec lui une nouvelle approche de l’enseignement du design à l’école d’art de Bristol. En 1966, il installe définitivement son studio à Londres.

Malgré les nombreuses commandes, Richard Hollis choisira de n’avoir jamais plus d’un assistant et de privilégier une étroite collaboration avec le client, des collaborations qui peuvent durer 40 ans. Ce fut notamment le cas avec la revue Modern Poetry in Translation dont il sera le directeur artistique de 1964 à 2004. L’importance qu’il accorde aux relations humaines dans le travail d’un graphiste, qu’elles concernent l’imprimeur ou le client, est la marque d’un esprit perfectionniste et soucieux de s’adapter. Sa rencontre avec le critique d’art John Berger donnera lieu en 1972 au livre Ways of Seeing conçu d’après une série télévisée pour la BBC. Ce projet lui inspire une mise en page innovante, une manière nouvelle de faire dialoguer le texte et l’image en s’appropriant des formats de la télévision. Cet ouvrage est devenu une référence pour les étudiants de graphisme, par son souci de clarté, son texte intégralement en gras et sa police à la fois présente et élégante.

Richard Hollis a toujours gardé un lien fort avec le monde de l’art, via notamment son travail pour la Whitechapel Art Gallery de Londres dont il conçoit la communication et les catalogues de 1970 à 1989. Ses collaborations avec des artistes comme Bridget Riley et Steve Mc Queen furent également l’occasion de publications remarquables. Personnage discret, Richard Hollis est peu médiatisé. Il revendique le fait de ne pas avoir de style, de ne vouloir chercher qu’à répondre le plus justement à la commande avec un minium de moyen et une maitrise technique parfaite pour une efficacité maximale. Si son travail graphique n’a sans doute pas encore été reconnu à sa juste valeur, Richard Hollis est l’auteur d’une histoire du graphisme, Graphic Design (Thames & Hudson, 1997), qui est devenue un best-seller, qui sera suivie par Swiss Graphic Design (Thames & Hudson, 1994).

Cette manifestation conçue par l’historienne du graphisme Emily King, permet de découvrir plus de deux cents documents provenant des archives personnelles de Richard Hollis. Elle est le reflet de toute sa vie professionnelle, y compris de ses voyages dans les années 1950 et 60, à Cuba, Zurich et Paris. On y retrouve également son rôle dans la création d’une nouvelle école d’art à Bristol en 1964, son engagement politique dans les années 1960 et 1970 et sa carrière dans le graphisme culturel. Allant de collages personnels réalisés dans le milieu des années 50 à sa dernière collaboration avec Steve McQueen en 2007, l’exposition démontre la capacité singulière de Hollis à façonner la pensée par l’arrangement de mots et d’images. » (cit. centrepompidou.fr)