Raymond Hains – Graphisme et photographie

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« C’est la photographie qui constitue la base de la pratique artistique de Raymond Hains. Elle précède, complète et poursuit son travail sur les affiches. Au commencement de sa démarche, à la fin des années quarante, Raymond Hains, avec la complicité de Jacques Villeglé, soumet l’objet photographié à un processus de déformation visuelle. Il invente les ‹ photographies hypnagogiques › qu’il expose en 1948 à la galerie Colette Allendy à Paris. Résultant de l’adjonction de verres cannelés au bout de l’objectif de l’appareil photographique, Raymond Hains définit son invention en ces termes :

Procédé destiné à l’observation et à la fixation de l’éclatement des images et des lettres ou à la création de formes obtenues par intercalement entre l’objet et la prise de vues de un à trois verres cannelés superposés, fixés sur un objectif photographique.

Le dictionnaire LePetit Robert donne de l’adjectif ‹ hypnagogique › la définition suivante : ‹ qui précède immédiatement le sommeil › et parle ‹ d’hallucinations hypnagogiques › qui renvoient à un état de demi-sommeil et de somnolence. L’expérience de l’hypnagogie chez Raymond Hains permet de s’arracher de la tendance mimétique de la photographie. Cette figuration métamorphose l’image photographique, elle déforme l’écriture de la lumière et nous invite à la contemplation de lignes abstraites. » (cit. e-revues.pum.univ-tlse2.fr)

« J’ai découvert les verres cannelés dans l’atelier de vitrerie de mon père qui s’appelait Fernand Hains ; il m’avait dit : Il y a des verres qui pourront peut-être te servir. J’avais déjà commencé à faire des photos, je découvris dans cet atelier du verre soleil, du verre goutte d’eau, du verre cathédrale. J’ai ramassé un morceau de verre cannelé avec des taches de peinture, et c’est en regardant la Chimère d’Arezzo – sa reproduction dans un livre des éditions Alpina – que j’ai eu une sorte de vertige né du passage des lettres du lisible à l’illisible. J’aurais pu appeler ce vertige la lettre et le néant. »

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Photo Almanach Prisma, n° 5, 1952

« En 1952, dans la revue Photo Almanach Prisma, il publie un article intitulé Graphisme en photographie. Quand la photographie devient objet, expliquant que toutes ces manipulations de l’image l’amènent à faire abstraction du sujet. Ce texte fonctionne comme un véritable manifeste personnel où il remet en cause les acceptions communément admises de la notion de réalisme et affirme, citant Apollinaire, sa conviction de la nécessité pour l’artiste d’inventer des ‹ réalités nouvelles ›. » (cit. wikipedia.org)