Le Musée imaginaire – André Malraux

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« Malraux place la photographie d’œuvre d’art au cœur de sa méthode : elle est le principal instrument de sa rhétorique. A la fois féconde et complexe, cette rhétorique visuelle lui permet de fonder une nouvelle conception de l’art, un nouveau musée. Cet espace – le Musée imaginaire – n’est pas seulement une idée-force mais aussi une aventure visuelle sans précédent. “ J’appelle Musée imaginaire la totalité de ce que les gens peuvent connaître aujourd’hui même en n’étant pas dans un musée, c’est-à-dire ce qu’ils connaissent par les reproductions, (…) les bibliothèques ”, déclare Malraux. Le Musée Imaginaire est un phénomène mental qui résulte d’une expérience cumulative et visuelle. C’est un domaine de formes qui nous habite. C’est un espace dépourvu d’existence physique, n’existant que par et dans l’esprit du spectateur et se matérialisant par une proposition visible, la photographie éditée… »

– Mekouar Mouna, cit. art press 2 n°24

 
« La photographie des tableaux a joué un rôle moins complexe. Comme jadis la gravure, elle étendait notre connaissance plus qu’elle ne touchait notre admiration, notre connaissance, ou notre curiosité, car nombre de ces photos ont joué le rôle d’ambassadeurs, jusqu’au développement des nouveaux procédés de reproduction en couleurs. Ils sont loin d’être parfait, et ne le sont jamais lorsqu’ils reproduisent un original de grandes dimensions. Leur progrès, en vingt ans, a pourtant été saisissant. La reproduction ne rivalise pas avec le chef-d’œuvre présent : elle l’évoque ou le suggère. Vouloir la rejeter en raison de ses faiblesses est aussi vin que l’était, naguère, vouloir rejeter le disque. Elle ne fait pas plus négliger les originaux, que le disque n’a fait négliger le concert. Elle nous mène à contempler ceux qui nous sont accessibles, non à les oublier ; et s’ils sont inaccessibles, qu’en connaîtrions-nous sans elle ? Or l’histoire de l’art depuis cent ans, dès qu’elle échappe aux spécialistes, est l’histoire de ce qui est photographiable. »

– André Malraux cit. Le musée imaginaire, p.111, Paris, Gallimard, 1965

 
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