L’écran d’épingles

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En couverture : Image du film d’animation Étreintes de Justine Vuylsteker réalisé sur un écran d’épingles.

« Instrument mythique dans l’histoire du cinéma, l’écran d’épingles est un écran vertical blanc perforé de centaines de milliers de trous, chacun traversé par une épingle rétractable. Éclairées latéralement, les épingles projettent des ombres dont la longueur varie selon qu’elles sont plus ou moins enfoncées. Cette trame d’épingles et d’ombres crée ainsi une gamme de dégradé allant du noir au blanc et donne à l’image animée l’aspect d’une magnifique gravure ou d’un dessin au fusain. (cit. onf.ca) »

« À l’aide de divers instruments, l’artiste pousse, plus ou moins profondément, une partie de ces épingles pour former un dessin grâce à leur ombre portée sur la toile. De ce travail d’orfèvre naissent des images à l’atmosphère souvent inquiète ou onirique, qu’il faudra ensuite photographier avec la caméra, puis modifier légèrement, avant de prendre une nouvelle photo et ainsi de suite pour, in fine, obtenir une animation. » (cit. L’écran d’épingles traverse le temps | cnc.fr)

« L’histoire de l’écran d’épingles remonte au début des années 1930. C’est Alexandre Alexeïeff, un graveur français d’origine russe, qui a développé cet outil avec Claire Parker, une Américaine venue apprendre la gravure à Paris. Dotée de 500 000 épingles rétractables, la première version de l’instrument est employée par Alexeïeff et Parker pour réaliser un film en 1933 : Une nuit sur le mont Chauve.» (cit. blogue.onf.ca)

« Il y a une relation entre le procédé et la façon de créer d’un individu. Et qui veut bien s’exprimer et penser à sa façon se doit de trouver des techniques personnelles », remarquait Alexandre Alexeïeff. La virtuosité du film Une nuit sur le mont Chauve ne tient pas seulement au génie artistique de ses auteurs mais aussi à la poésie née de l’instrument conçu spécialement : les cinéastes Alexandre Alexeïeff (1906-1981) et Claire Parker (1906-1981) ont en effet inventé un outil inédit, l’écran d’épingles, où le jeu de lumière sur les pointes offre la gamme des dégradés de gris désirée et sur lequel ils ont réalisé quelques films majeurs du cinéma d’animation. Dans leur atelier parisien du 36, avenue Jean-Moulin, ils n’ont eu de cesse d’explorer de nouvelles voies et ont trouvé notamment dans le film publicitaire un véritable terrain d’expérimentation : c’est ainsi qu’ils ont créé, au début des années 1950, leur curieuse machine à « totalisation », qui leur permettait d’animer et de donner forme à la lumière. Aussi, toute l’œuvre du couple est intimement liée aux moyens techniques qu’ils ont su imaginer pour créer des images mobiles, concevoir un art du mouvement, animer l’ombre et la lumière et en révéler l’intensité poétique. (cit.cinematheque.fr)

« Il n’en existe, aujourd’hui, que deux modèles en activité dans le monde. L’un, au Canada, utilisé à l’ONF. En 2012 le CNC acquiert le dernier écran d’épingles conçu par le couple entre 1976 et 1977 : l’Epinette (270.000 épingles) Afin de pérenniser en France la technique de l’écran d’épingles auprès des cinéastes du XXIe siècle par sa remise en production […] Depuis, l’outil nourrit et intègre le travail des participants. Céline Devaux utilisera l’écran d’épingles pour plusieurs séquences de son film Gros Chagrin, primé à la Mostra de Venise 2017 (meilleur court métrage). Le dernier court de Justine Vuylsteker, Etreintes, est par ailleurs entièrement conçu avec l’écran d’épingles […] (cit. L’écran d’épingles traverse le temps | cnc.fr)
 

→ Regarder la conférence Alexeïeff et Parker, montreurs d’ombres
Une démonstration de l’écran d’épingles faite par son créateur
Une sélection de 8 films d’animation réalisés à l’écran d’épingles
→ L’écran d’épingles Alexeïeff / Parker, un article sur cnc.fr