Aldo Novarese

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Photographie du portrait :
Le typographe italien Aldo Novarese, travaillant sur le caractère Oscar.
© theperfectjob.it

« Aldo Novarese (1920-1995) est sans doute le typographe italien le plus prolifique du XXe siècle. Collaborateur très jeune de la fonderie Niebolo, à Turin, il contribue à la création de plusieurs types sous la direction d’Alessandro Butti, dès la fin des années 1930. Ils mettent en œuvre au début des années 1950, le Microgramma, antique en capitales, selon une recherche de Novarese basée sur le rectangle aux coins arrondis, en tant que forme emblématique de la seconde moitié du XXe siècle. Devenu à son tour directeur artistique de Nebiolo, Novarese imagine des dizaines de caractères qui font le succès de la fonderie jusqu’aux années 1970. Il travaille à compléter le Microgramma d’une série de bas de casse, qu’il publie, en 1962, sous l’appellation d’Eurostile… »

– Michel Wlassikof cit. signes.org

 
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« Aldo Novarese s’initie très tôt aux techniques de la gravure sur bois et sur cuivre ainsi qu’à la lithographie. C’est en 1931, alors âgé de 11 ans seulement qu’il entre à la Scuola Arteri Stampatori, où il restera deux ans. Il part ensuite à Turin où il intègre la Scuola Tipografica Giuseppe Vigliandi Paravia, de 1933 à 1936 ; il y apprend le dessin de caractères, ce qui lui permet de se faire engager comme typographe à la Fonderie Nebiolo de Turin en 1936, alors qu’il n’a que 16 ans. Il reçoit deux ans plus tard la médaille d’or du concours national des jeunes artistes italiens, mais ses convictions l’amènent à rejoindre le maquis pour combattre les fascistes en 1943, mettant sa carrière entre parenthèses. Il retourne à la fonderie Nebiolo à l’issue de la guerre et, parallèlement à ses activités de dessinateur de caractères, il retourne en 1948 à la Scuola Tipografica Giuseppe Vigliandi Paravia de Turin, d’où il est lui-même sorti quelques années auparavant, en tant que professeur de design graphique. Il succède à Alessandro Butti – avec qui il a co-signé ses premières polices typographiques – à la direction artistique de la fonderie Nebiolo en 1952 et passera les vingt années suivantes à suivre ou anticiper les besoins du marché avec perspicacité et talent en créant pas moins d’une centaine de caractères qui, toujours, semblent arriver à point nommé pour répondre à une attente ou suivre la mode du moment. Parmi ses caractères les plus connus et utilisés, en dehors des typographies dessinées en réponse au succès de caractères concurrents et donc peu originales (Egizio, Ritmo, Recta, Torino, Garaldus…), citons Oscar, Stop ou encore Nadianne.

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Ses créations sont très différentes les unes des autres et elles évoquent leur environnement immédiat (société, littérature, courant artistique…) avec une telle force qu’il est difficile de les utiliser après quelques années seulement : victimes de leur succès et de leur utilisation abusive dans un laps de temps précis, elles sont trop fortement connotées et vieillissent mal. Elles finissent par disparaître avec les changements de mode. Résultat : des centaines de caractères dessinés par le prolifique Aldo Novarese, quelques dizaines seulement ont été numérisés ; mais parmi eux, deux en particulier méritent l’attention. ITC Novarese (1978), tout d’abord, est une Garalde remarquable aux empattements fins à faible contraste, un caractère original possédant une forte personnalité qui rend hommage aux débuts de la typographie en proposant une italique sans majuscules, comme cela était le cas avec les premières italiques d’Alde Manuce au début du XVIe siècle à Venise… »

– David Rault cit. Guide de choix typographique

 

Aldo Novarese  Microgramma typo specimen fonderie NebioloAldo Novarese  Eurostile typo specimen fonderie Nebiolo

« L’Eurostile est la création de deux dessinateurs, et fut publiée à deux dates différentes. Le premier de ces deux noms – Microgramma – ne fait référence qu’à une partie du dessin final. Elle fut dessinée par Alessandro Butti, avec l’aide d’un jeune assistant appelé Aldo Novarese qui allait devenir quelques années plus tard l’un des meilleurs dessinateurs italiens. La publication de cette fonte en 1952 composé exclusivement de capitales revint surtout a Butti, alors directeur artistique de la fonderie Nebiolo à Turin. Le dessin en question, baptisé Microgramma, était strictement destiné à des compositions d’affichage : c’était un authentique dessin de titrage. La seule existence de cette classification à l’époque des caractères en métal est encore plus significative que sa composition exclusive de capitales ; dans un dessin de titrage, la hauteur des capitales doit s’élever jusqu’au bord supérieur du plomb. “ des capitales de titrage de 72 points ” étaient donc bien plus grosses que des capitales de 72 points d’une fonte ordinaire. Toute combinaison des lettres de Microgramma avec des minuscules d’une autre fonte aurait été très difficile.

Microgramme est restée très populaire pendant presque dix ans, jusqu’à ce qu’un Aldo Novarese plus expérimenté entreprenne de dessiner les minuscules correspondantes. L’aboutissement de ses efforts, publié en 1962, a été rebaptisé Eurostile. Malgré la publication d’Eurostile, Microgramma ne fut pas retiré du marché. Lorsque Novarese développa Eurostile, il poursuivit le dessin en créant des versions minuscules pour les cinq graisses, ainsi qu’une nouvelle version grasse étroite et un dessin ultra-étroit appelé Eurostile Compact.

Avec cette création Aldo Novarese avait en tête de dessiner un alphabet reflétant les avancées technologiques et le design mobilier qui fait une entrée en force dans les foyers et le paysage urbain de ce début des années 1950, et il note une constante, ce rectangle aux lignes et aux coins arrondis que l’on retrouve dans l’omniprésente télévision, dans les hublots des avions, et jusque dans l’architecture moderne de Le Corbusier et de ses immeubles. Il part donc de cette base pour construire chacune de ses lettres. Hermann Zapf les décrira même comme de « super-courbes », et les travaillera également pour son caractère Melior. »

– cit. linotype.com

 

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« La forme de l’Eurostile nous est désormais familière : sans que nous ne nous en rendions bien compte, elle est présente alors que nous observons les fenêtres de nos moyens de locomotions, l’écran de notre télévision, ou les constructions les plus modernes. » ( Aldo Novarese cit. Eurostile, a Synthetic expression of our times )

 
« Aldo Novarese se lie d’amitié avec Maximilien Vox et participe dès les années 1950 aux Rencontres internationales de Lure, où il proposera sa propre classification de caractères la même année que ce dernier, mais avec moins de succès, celle-ci composée de 10 familles se base sur la forme des empattements : les lapidaires, les médiévaux, les vénitiens, les transitionnels, les bodoniens, les ornées, les égyptiennes, les linéaires, les fantaisies et les écritures. Couvert de récompenses (Prix ITC en 1966, Compasso de Oro en 1979…), il rédige deux ouvrages de typographie (Alpha Beta et Il signo alfabetico), cesse d’enseigner en 1957 et quitte la fonderie Nebiolo en 1975 pour devenir graphiste et typographe indépendant. Il travaillera pour Linotype, ITC, Berthold ou encore Agfatype, pour qui il dessinera son dernier caractère, le Central, en 1995. Il décède le 16 septembre de la même année à Turin. »

– David Rault cit. Guide de choix typographique

 


Plus de ressources sur Aldo Novarese :

Consulter un magnifique catalogue de la fonderie Nebiolo
→ Plusieurs articles sur : thisisdisplay.org, az-project.org, typographisme.net, coopertypography.wordpress.com,
→ De nombreux specimens sur aiap.it
Consulter le N°7 de la revue U&lc
A propos du caractère Forma dessiné entre 1965–68
→ Consulter l’ouvrage alfa – beta, lo studio e il disegno del carattere, écrit par Aldo Novarese en 1964
→ Consulter le specimen du caractère Stop de 1971
→ Consulter le specimen du caractère Ritmo de 1955
→ Lire l’article Eurostile, a Synthetic expression of our times
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2 Comments

  1. Un grand merci pour l’article sur Aldo Novarese. Le week-end passé, le dessinateur de caractères suisse, Nina Stössinger a travaillé dans mon atelier avec l’Eurostile et le Microgramma. Beaucoup de gens détestent l’Eurostile, mais la version originale en plomb reste – si bien utilisé – une merveille.

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