Andersen — Les ciseaux enchantés

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Les ciseaux enchantés par Jens Andersen, La revue des livres pour enfants N°226.
Une version de l’article en danois et en anglais est accessible ici.

« Tout au long de sa vie, Hans Christian Andersen réalise des milliers de compositions en papiers découpés. Souvent, il plie le papier en deux, et joue de la symétrie des découpes, pour retrouver celle du corps humain. Parfois, il le plie en quatre et du centre de la feuille partent bouquets, roues et motifs ornementaux. Il y fait naître des figures qui nous rappelent certains de ses contes, ou du moins sa mythologie personnelle : un cygne, des danseuses, un meunier, la forêt, le marchand de sable… Formes simples ou saynètes plus narratives naissaient de ses mains, pour passer le temps, pour les offrir à des amis, pour décorer une chambre. Mais aussi pour clore les contes qu’il avait pour habitude de partager auprès de ses amis et de leur familles. Le peintre Wilhelm Kaulback évoquait ainsi ces soirées passées à la lueur des chandelles : “Quand il avait fini son conte (ou bien son découpage ?), il déployait une longue ribambelle de danseuses de ballet face à nous. Elles se tenaient toutes par la main et faisaient virevolter leurs pieds dans les airs. Andersen semblait alors comblé par nos applaudissements. Il appréciait plus encore l’effet produit par ses papiers découpés que par l’histoire qu’il venait de nous conter.” » (cit. petitesimmensites.org)

Dans ses papiers découpés, Andersen à mis toute sa poésie.
Joyeux méli-mélo de formes et de couleurs au bout de ses ciseaux.

« C’est ainsi qu’Andersen lui-même commentait une page très spectaculaire du livre d’Astrid Stampe paru en 1853 où sept à huit découpages en papiers multicolores et disparates composaient une seule grande image. Et c’est ainsi que nous devons considérer l’art du papier découpé chez Andersen : coloré, divertissant et poétique, il est étroitement lié à ses autres créations, poésie lyrique et dramatique, contes,romans et récits de voyage. Les papiers découpés d’Andersen ne peuvent être séparés de son œuvre écrite. Environ mille découpages sont encore visibles à ce jour, silhouettes primitives et simples tableaux comme ouvrages plus décoratifs et sophistiqués. Tout en relevant d’un domaine particulier, ils trouvent tous leur source dans la riche imagination de ce poète qui au XIXe siècle révolutionna la littérature mondiale avec tous ces contes destinés aux enfants et à l’enfant qui demeure en tout adulte. C’est pourquoi la plupart des papiers découpés d’Andersen ne peuvent être relégués – comme ce fut souvent le cas de la part des chercheurs – au rang de purs divertissements et de petits jeux ou considérés comme d’amusantes illustrations de ce qui serait l’essentiel, l’univers écrit des contes. Andersen avait une véritable passion pour l’art de “couper et coller”, aussi forte que sa passion pour l’écriture et les voyages. Il était presque toujours armé d’une paire de ciseaux ce qui pouvait, à l’occasion, devenir fort dangereux. S’ils glissaient de sa poche, il risquait de s’asseoir dessus… Cette mésaventure lui arriva lors d’un voyage en charrette à cheval dans l’île de Funen où l’on dut baigner et panser son pauvre derrière blessé. Mais le plus souvent, il saisissait ses ciseaux avec bonheur et quand il pliait le papier et commençait à découper en long et en large, on croyait voir la manifestation de ce pouvoir magique qu’il avait de jouer avec les mots : des ciseaux surgissaient des motifs, des silhouettes, des paysages. Un papier découpé se révélait alors comme un vrai petit conte dans l’espace avec tous les effets imaginables de profondeur et de contrastes. “Des ciseaux d’Andersen jaillissent des contes” a-t-il écrit à un jeune ami, mettant l’accent sur la part d’improvisation dans ses papiers découpés. […] » (cit. cnlj.bnf.fr)

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→ Découvrez plus de papiers découpés sur le site du musée d’Odense, au Danemark
→ Un aperçu du très bel ouvrage Les papiers découpés d’Andersen — Ion édition 2018