« Ce maître incontesté a fait de l’affiche culturelle un lieu de liberté et de création résistante en se démarquant radicalement du réalisme socialiste. Enseignant, il a profondément influencé les pratiques de graphistes désormais reconnus parmi lesquels plusieurs français comme Alain Le Quernec, Michel Quarez ou encore Pierre Bernard. Ce dernier dira d’ailleurs avoir découvert avec Henryk Tomaszewski ‹ la problématique fondamentale de la communication visuelle authentique, le fait que chaque acte de graphisme constitue un départ de dialogue, une invitation à la conversation, une offre de partage culturel ›.
Henryk Tomaszewski est né en 1914 à Varsovie. C’est dans cette même ville qu’il suit, de 1934 à 1939, des études de peinture avant d’enseigner lui même l’affiche à l’Académie des Beaux-Arts de 1952 à 1985. Il commence à travailler pour le magazine satirique Szpilki et expose ses travaux en 1936 à Helsinki à l’occasion d’une exposition sur l’art polonais. Il remporte ses premiers prix trois ans plus tard avec la conception du pavillon industriel polonais lors de l’Exposition Mondiale de New York de 1939 et la réalisation d’un relief sur la gare principale de Varsovie. Alors que la seconde guerre mondiale et le développement du communisme viennent, malgré son dynamisme, interrompre le développement de l’art graphique polonais, Henryk Tomaszewski va s’imposer comme l’un des chefs de file de la nouvelle école polonaise. Tandis que la Pologne, entrée en 1946 dans le bloc soviétique, connaît la censure et le dogme du ‹ réalisme socialiste ›, le cinéma ouvre aux graphistes de nouveaux horizons et leur permet d’imposer leur manière de faire. C’est ce que réussit Henryk Tomaszewski avec Eryk Lipinski auprès de la Film Polski. C’est l’heure de l’Ecole d’Affiches Polonaise (1952-1964) critiquée par les cinéastes mais renouant avec la tradition créative du graphisme polonais. »
– cit. cndp.fr –
As opposed to commercial design, which was a highly developed field, the film poster was not a highly esteemed genre in Poland, just like film itself — this situation resulted from the fact that pre-war cinematic production was focused purely on entertainment. After consideration, however, Tomaszewski suggested that the matter was worthy of attention, on the condition that Polish posters would not copy the western model. He suggested that the visual form of the poster should convey the plot of the film — and his proposal met with approval. Largely due to the fact, one is inclined to think, that the post-war model of Polish cinematography did not correspond to western standards. »
– Iwona Kurz cit. An Image for Reading. Film in the Posters of Henryk Tomaszewski –
« Tomaszewski s’intéresse au paradoxe de la réalisation d’images statiques pour un support dynamique et se concentre sur les atmosphères des films plutôt que leur contenu narratif. Conjugant innovation et influences d’avant-guerre, il remporte pas moins de cinq Médailles d’Or à l’Exposition Internationale de l’Affiche de Vienne en 1948. Alors que le réalisme socialiste devient la doctrine officielle avec le stalinisme, Tomaszewski prend conscience de la responsabilité sociale associée à la création graphique, l’affiche étant un support facile à travailler et à diffuser. En pleine période de propagande, il lutte pour conserver une double indépendance : la sienne et celle de l’affiche, son laboratoire d’expérimentation. Il se démarque ainsi du réalisme et du constructivisme soviétique ainsi que des expérimentations du Bauhaus pour s’orienter vers un minimalisme influencé par des Français comme Chéret et Toulouse Lautrec, puis par l’art abstrait et les surréalistes. »
– cit. cndp.fr –
« The phenomenon once called the ‹ Polish school of poster › […] was simply the proposition of a new method of communication between the graphic artist and the viewer. We created a new semantic language. This consisted in rejecting narrative description on behalf of far-reaching conceptual condensation based on the association of images, on metaphor. We simply replaced a picture for viewing with a picture for reading. This proved enchanting. In the world, they called it the ‹ Polish school of poster ›. »
Henryk Tomaszewski cit. rozmawia z redakcją, Projekt, no. 3, 1974, p. 33
« On a l’impression que Tomaszewski a commencé sa carrière à un stade de maturité qui, pour beaucoup, serait un point final satisfaisant. Ses premiers travaux sont l’affirmation de l’exactitude et de la pureté de l’évidence […] A partir d’un moment, qui se situe au début des années 1960, Tomaszewski a amorcé un joyeux glissement vers l’immaturité, vers ce genre d’insouciance et de laisser-aller qui permettent parfois aux jeunes de crever le ciel à leur grand étonnement […] »
– Miroslaw Ratajczak cit. lesaffiches.com –
« Pour Henryk Tomaszewsky, l’art de l’affiche n’est pas seulement l’art de l’ordonnancement des formes et des couleurs. C’est avant tout une prise de position sur le sujet ; c’est être capable d’exprimer un point de vue, faire circuler des idées, des informations tout en privilégiant l’éthique et l’esthétique. Henryk Tomaszewsky a formé de nombreux étudiants au graphisme ce qui fait dire à Jan Lenica dès 1978 :‹ […] ce qui est réconfortant, c’est que quelques jeunes français, après avoir terminé l’école polonaise, entreprennent chez eux des activités dignes d’attentions particulières. Il n’est pas exclu qu’avec l’aide de Dieu […] et de Henryk Tomaszewsky, nous serons les témoins d’un renouveau de l’affiche française ›. »
cit. graphisme-echirolles.com
« En tant que pédagogue, Henryk Tomaszewski a toujours veillé à développer la sensibilité artistique et intellectuelle de ses élèves sans leur imposer de style. Non-conventionnelles, ses méthodes didactiques reléguaient au second plan la dextérité manuelle et attirèrent à partir de 1960, nombre de graphistes étrangers. Ses élèves, et parmi eux le groupe français Grapus, font aujourd’hui partie des figures les plus importantes de la scène graphique internationale. La présence de ses affiches dans les collections permanentes de nombreux musées (Musée National de Varsovie et Poznan, Musée d’Art Moderne à Sao Paulo, Museum of Modern Art de New York, Villa Hugel d’Essen, Musée d’Art Moderne de Kamakura, Musée d’Art Moderne de Toyama, Stedelijk Museum d’Amsterdam, Colorado State University) montre l’importance que son œuvre conserve encore aujourd’hui. »
– cit. cndp.fr –
Plus de ressources sur Henryk Tomaszewski:
→ Différents articles sur posterpage.ch (1)(2), az-project.org et teaching.synopticoffice.com,
→ Plus d’images sur pigasus-gallery.de et gapla.fn.org.pl