Yves Klein – Peinture de feu, 1961

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« Des flammes de gaz très puissantes en guise de pinceaux caressent ou craquellent la surface de cartons. Une manière nouvelle, en 1961, de peindre pour qui ‹ il ne viendrait même pas à l’idée de se salir les mains avec de la peinture ›.

Dans son Manifeste de l’hôtel Chelsea, Yves Klein décrivait l’artiste du futur comme celui qui parviendrait à réaliser une peinture ‹ à laquelle manquerait toute notion de dimension ›. On en fait l’expérience fascinante avec les seize Peintures de feu […]

En 1961, le centre d’essai de Gaz de France de la Plaine Saint-Denis permet à Yves Klein de réaliser ces travaux en maniant une nouvelle sorte de pinceau vivant: des flammes de gaz très puissantes allant de trois à quatre mètres de hauteur avec lesquelles il caresse ou craquelle la surface de cartons suédois, choisis en raison de leur résistance plus importante à la combustion. Difficile d’imaginer pinceau plus idéal, symbole de pureté, pour celui à qui ‹ il ne viendrait même pas à l’idée de se salir les mains avec de la peinture ›.

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Yves Klein réalisant des peintures de feu, 1962, Centre d’essais de Gaz de France Saint Denis, France

Klein enregistre le passage de la flamme sur le support, parfois doux et caressant, parfois violent et destructeur. Entre ces deux extrêmes, il rend visible toute une déclinaison de rapports en humectant d’eau des zones du carton, ou en provoquant des coulures et des éclaboussures que le passage de la flamme dessèche et fixe. Au contact de ces différents éléments, le carton laisse apparaître des stries verticales, des zones d’un brun chaud ou tirant vers le noir et des formes ovoïdes, traces du foyer ovale du brûleur.

Difficile de faire la part de l’accidentel et du maîtrisé avec cette pratique aux contraintes exigeant un temps d’exécution extrêmement rapide, deux à trois minutes maximum avant que le support ne brûle complètement. Ce qui est sûr, c’est que Klein parvient à jouer avec brio des effets de la flamme dans nombre de ses tableaux, animant la surface de floraisons solaires ou de nuages de feu, de nébuleuses ou de foudres célestes.

A la manière de Bachelard, Klein était attiré par l’aspect dialectique du feu, symbole du bien comme du mal, de destruction comme de régénération et de vie comme de mort. ‹ Tous les faits qui sont contradictoires, note Klein, sont d’authentiques principes d’une explication de l’univers ›. » (Marguerite Pilven cit. paris-art.com)

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