« Le graphisme japonais fascine. Tout ce qui nous vient du Japon déclenche la frénésie (…) En 1945, avec la nécessité de reconstruire un pays dévasté par la guerre, débute la deuxième révolution industrielle. Nous assistons au ‹ miracle économique japonais › qui fait de ce pays, dès 1968, la deuxième économie mondiale juste derrière les États-Unis. Cette jeune superpuissance a un besoin croissant de packagings, de documents de communication, de marketings, de logotypes… et donc de graphistes pouvant porter ce renouveau.
Les chefs de file en seront Yusaku Kamekura avec la remarquable affiche pour les jeux Olympiques de Tokyo en 1964 (épurée comme du Paul Rand), mais aussi Ryuichi Yamashiro, Kazumasa Nagai, Ikko Tanaka, Shigeo Fukuda, Tadanori Yokoo… Pourtant nourri de codes internationaux et d’influences occidentales, le graphisme japonais contemporain garde une part d’ombre, celle dont parle Junchiro Tanizaki dans L’Éloge de l’ombre (1933) nous rappelant que les canons esthétiques occidentaux sont inopérants. (…)
À l’instar du film de Sofia Coppola, Lost in translation, le graphisme japonais reste pour partie intraduisible. Il se distingue profondément de nos schémas par le fait que les images japonaises, au même titre que l’écriture japonaise, en partie pictographique, font signes (et à ce titre peuvent être lus). Au Japon, de plus, il n’existe pas de frontières entre la publicité et le graphisme » (cit. centrepompidou.fr)