Rouges-Gorges et Cosaques | Interview Millot Gadet
Les étudiants de 3e année communication de l’EESAB Rennes proposent Rouges Gorges et Cosaques,
un projet expérimental autour du travail de Philippe Millot et des éditions Cent pages.
En collaboration avec le studio < stdin >.
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Mais de quoi s’agit-il ? De littérature en gants de boxe ? D’érudits d’édition? D’oiseaux passériformes ? De jansénistes du livre ?
Un vrai Mystère, sans meringue à l’intérieur. Inachevé d’archiver en mai 2012, ce wiki a pour parents un raccourci d’entrée standard et onze irréductibles ayant travaillé à résoudre l’énigme Philippe Millot/Cent pages. «Rapide» dit l’Hawaïen de cette page fabriquée de bric et de boîtes, questionnant d’un regard atypique les canons de mise en page, les choix iconographiques et la notion de paratexte.
« Depuis 1999 Philippe Millot mène avec Olivier Gadet et les éditions Cent Pages un travail d’édition exigeant qui l’a amené à dessiner (c’est le terme qu’il emploie lui-même pour définir son travail de designer graphique dans ce domaine du livre) une cinquantaine d’ouvrages, réunis dans trois collections, ainsi qu’un certain nombre de documents accompagnant ces productions. Cette collection est intéressante par plusieurs aspects : sa cohérence au fil du temps, le travail typographique mis en œuvre, la grande attention portée à la fabrication de ces livres et aux techniques d’impression et de façonnage employées, ainsi que la réflexion ouverte à travers ces objets singuliers sur le livre lui-même et sur le travail du designer graphique tout deux inscrits dans une perspective historique. L’analyse critique de ce corpus à différentes échelles nous a amené à une réflexion sur la question du livre en général et de son exposition en particulier. »
– cit. plastgrandouest.net –
« Les éditions Cent pages publient de la littérature contemporaine aussi bien qu’elles éditent, ou rééditent, des textes anciens, oubliés ou introuvables. Divisé en deux, le catalogue se constitue de la collection Rouges-gorge, dédiée aux formes du roman, et à la collection Cosaques qui se concentre, elle, sur l’essai, le manifeste et le pamphlet. Quant au nom, Cent pages, cela peut être vu comme une référence directe à la maison d’édition italienne Centopagine développée dans les années 1970-80 par Italo Calvino. Cette collection atypique proposait alors à la fois romans et nouvelles qui sortaient des formats standards habituels – plus long qu’une nouvelle mais plus court qu’un roman.
La singularité des éditions Cent pages s’exprime à travers une ligne graphique originale, rigoureuse et joueuse résultant d’une collaboration entre le directeur Olivier Gadet et celui qui en dessine les livres, Philippe Millot. Ces derniers se rencontrent dans cadre d’un travail pour l’ADPF (Association pour la Diffusion de la Pensée Française) en 1997 autour du livre « L’Essai », titre qui fonctionne comme maître-mot dans leur démarche. »
– cit. fotokino.org –
« Lorsqu’on pense à l’histoire française du livre, on pense d’abord à Pierre Faucheux et Robert Massin dont nous connaissons tous une partie des travaux à travers des collections telles que Folio de Gallimard pour Massin ou encore Point, la collection Livre de Poche aux éditions du Seuil ou encore Hachette pour Faucheux. Ces derniers, par l’originalité et l’ampleur de leurs recherches auront profondément marqué le visage de l’édition française des années 1950 jusqu’à la fin des années 1970.
Philippe Millot a pris le temps d’étudier leurs travaux, et celui des autres d’ailleurs, remontant jusqu’à l’origine du livre, ce qui l’a amené à travailler sur le livre médiéval lors de sa résidence à la Villa Médicis en 2009. Fort de ces connaissances et du temps passé à étudier les différents manuscrits de la Bible, ou encore les schémas de mise en pages de Villard de Honnecourt et autres Rosarivo, Philippe Millot réintroduit certains de ces éléments dans sa pratique du dessin de livres aujourd’hui. Ainsi ce qui pourrait apparaître à un public non averti comme des bizarreries ou des excentricités de mises en page, sont souvent des références très précises. Par ce biais-là Philippe Millot réactive un pan de l’histoire du livre, des moines copistes aux Clubs des livres français, cher à la tradition bibliophile.
Pour les éditions Cent pages, et plus généralement dans l’approche qu’il a de son métier, Philippe Millot emprunte des éléments aux livres anciens ou médiévaux afin de donner une nouvelle forme à des textes réédités dans un format poche. Il y a là encore un retour à la tradition puisqu’il parle de dessiner les livres. Ce retour à la main est une façon encore une fois de discuter avec le passé pour mieux bousculer les formes d’aujourd’hui. Il se dit d’ailleurs à la fois artisan et artiste et préfère au terme de graphiste celui de faiseur de livre.
Aujourd’hui, le livre comme média prend de plus en plus d’importance. Le petit monde regroupant ses acteurs constate que l’attrait pour la «mise en livre» continue de progresser. Il nous invite à prendre conscience de ce média et de ses enjeux afin de mieux y répondre, à l’image d’Emmanuël Souchier, en 2008, à Échirolles qui disait: « Nous formons l’œil de la culture dans laquelle nous vivons. » Le livre est un objet qui touche à l’intime via l’expérience personnelle qu’il procure à chacun, mais il s’adresse aussi à la collectivité en sa qualité de mémoire. Cet objet définissable entre médiation et fabrication, remplit une fonction sociale qui n’est plus à démontrer. La pratique éditoriale qui en découle, associe le texte et son image via la typographie. Il suffit d’ailleurs d’observer un même texte édité dans différentes structures pour se rendre compte de la diversité des humeurs, des visuels et des interventions avec lesquels ils sont composés. Son lecteur l’appréhendera de différentes manières, qu’il s’agisse de le survoler ou d’en faire une lecture plus approfondie. Avec les éditions Cent pages et le travail de Philippe Millot, chacun y trouvera son compte. Cet amoureux du graphisme éditorial transforme la mise en livre en poésie. Tout en respectant le fait que ces textes appartiennent à la littérature, ces collections poche dessinées pour les éditions Cent pages dégagent quelque chose entre l’élégance, l’humour et l’érudition qui sont propres à Philippe Millot. » […]
– cit. rouges-gorges-et-cosaques.net –
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