« Dosage minimal de formes, simplicité et densité des propositions, la signature graphique de Peter Saville se situe à mille lieux des visuels saturés ou des lignes serpentines dans lesquels le regard se noie. (…) Ses pochettes ont atteint le rang d’images cultes. Pour autant, Saville ne se réclame pas de l’art et revendique la spécificité de l’image appliquée. »
→Laetitia Sellam cit. poptronics.fr
« Peter Saville doit d’abord sa notoriété pour le design novateur de pochettes de disque qu’il conçoit pour des artistes de la Factory Records, notamment pour Joy Division et New Order. Influencé par un ami, Malcolm Garrett, qui avait commencé à dessiner pour les Buzzcocks, un groupe punk de Manchester, Pioneers of Modern Typography d’Herbert Spencer et la nouvelle typographie (Die neue Typographie) de Jan Tschichold prônant la supériorité des caractères sans empattements et de la composition asymétrique. »
→ cit. fr.wikipedia.org
« the look of punk didn’t offer much hope for a fresh graphic language. this is where malcom garrett was to be invaluable. malcolm had a copy of herber spencer’s pioneers of modern typography. the one chapter that he hadn’t reinterpreted in his own work was the cool, disciplined ‹ new typography › of tschichold and its subtlety appealed to me. I found a parallel in it for the new wave that was evolving out of punk. in this, as it seemed at the time, obscure byway of graphic design history, I saw a look for the new cold mood of 1977-78… so for me, the door to graphic enlightenment was the book, pioneers of modern typography. My entire education about the art and design movements of the twentieth century, other than pop, began at that point. »
→ Peter Saville cit. paperblog.fr
« La pochette était le seul moyen de communication visuel entre les gens, et dans ce sens elle était prépondérante, il y a 30 ans, le visuel et l’album étaient un évènement beaucoup plus important qu’aujourd’hui. »
→ Peter Saville cit. fragil.org
« Saville mis les pieds dans le monde de la musique après une rencontre avec Tony Wilson, le journaliste et présentateur de télévision, lors d’un show de Patti Smith en 1978. Il en découla la commission par Wilson de la première affiche de Factory Records (FAC 1). Saville devint associé chez Factory Records avec Wilson, Rob Gretton et Alan Erasmus.
C’est avec Tony Wilson qu’ils inventent, la dénomination des créations ‹ Factory › commençant par ‹ Fac › et terminant par un chiffre. La dénomination n’était pas chronologique, par exemple, les single de New Order utilisaient toujours le chiffre 3 et les projets importants le chiffre 1. ‹ Fac 1 › est la première création de Peter Saville pour Factory records. Cette création marque les bases de création pour les prochaines années de collaboration entre Factory et Peter Saville. Saville était célèbre pour les délais dépassés dans la livraison des commandes : Fac 1, poster annonçant les premières soirées Factory, a été livré après le début de l’événement.
Peter Saville envisageait le design graphique comme une association subtile de la typographie moderniste et de l’iconographie industrielle. Il évitait les modes de promotions traditionnels, le public pouvait donc créer ses propres associations. Sur les pochettes d’albums, il ne dévoilait qu’un minimum d’informations. Jon Pareles, écrit dans le New-York Times : ‹ The lack of Data makes every fan an initiate, sharing a mass produced secret ›. Le manque d’informations considère chaque fan comme un initié qui partage un secret de production massive.
Le designer anglais évoque la théorie ‹ du cœur et de l’esprit ›. Il nous l’explique : ‹ le design est capable de traverser la conscience d’une nouvelle génération via la musique populaire. La musique inspire une réaction plus directe, passionnée et physique ›. Dans les années 1970, il exploite le symbolisme moderne. Une imagerie trouvée grâce aux références artistiques et historiques lui permet de créer un système de codification graphique complexe.
La production de Saville pendant cette période inclut une réappropriation de l’art et du design. La critique de design Alice Twemlow écrivit : ‹ …dans les années 1980… il allait directement sortir une image d’un genre artistique — comme l’histoire de l’art — et la recontextualiser dans un autre. Une peinture de Fantin-Latour Roses combinée avec un alphabet codé devint une pochette d’album pour le disque de New Order Power, Corruption & Lies (1983), par exemple ›. »
→ cit. fr.wikipedia.org
«Le travail de Jamie Reid était un égal de l’anarchie des Sex Pistols ; Barney Bubbles a capturé l’humour de Stiff, Peter Saville l’intensité de Joy Division.»
→ cit. monde-diplomatique.fr
« CP 1919, également nommé PSR B1919+21, est le premier pulsar découvert. (…) Il existe dans la Cambridge Encyclopedia of Astronomy un graphique illustrant cent pulsations du pulsar CP 1919.
Un jour, Bernard Sumner (guitariste de Joy Division) tomba sur cette image et, séduit, la soumit au graphiste Peter Saville pour qu’il en fasse la pochette de leur premier album. Après quelques minimes corrections optiques pour esthétiser l’ensemble, le dessin prit place sur la pochette d’Unknown Pleasures. Pour parachever l’esprit minimaliste du concept, Peter Saville choisit de laisser le dos de la pochette vierge là où traditionnellement prennent place la liste des chansons, et renomma la Face A et la Face B ‹ Outside › et ‹ Inside ›.
Évoquant quelque mystérieuse ondulation électromagnétique ou topographique, l’image énigmatique d’Unknown Pleasures devint très rapidement un immense classique du graphisme, en particulier par sa miraculeuse adéquation avec l’esprit de la nébuleuse cold wave / indus / électro minimaliste qui s’annonçait prophétiquement dans le son de Joy Division. C’était en 1979. »
→ cit. fromageplus.wordpress.com
« La pochette de Power, Corruption And Lies est le plus parfait exemple avec sa couverture illustrée par une peinture classique de l’artiste français Henri Fantin-Latour côtoyant l’alphabet typographique couleur imaginé par Saville et qui sera repris donc sur la pochette de Blue Monday ainsi que celle du single Confusion. Le verso de la pochette du LP révèle quand à lui la clef permettant de déchiffrer ce mystérieux code sous une forme d’une roue de couleur auquel elle fait correspondre à chaque couleur une lettre. Ainsi le rose est la lettre F, le vert la lettre A etc… les textes pouvant être ainsi décryptés sans problème. Avec son dos reprenant les caractéristiques d’une disquette, la pochette de Power, Corruption And Lies fait indéniablement écho à celle de Blue Monday. »
« Cette musique était séquencée, informatisée et là était placé à côté de moi le symbole de ce qu’ils avaient réalisé. Donc, comme quand l’artiste pop-art Claes Oldenburg produisait des grandes sculptures d’interrupteurs, j’ai pensé que je pourrais produire une grande disquette souple 12-inch. »
→ cit. inside-rock.fr
« Des méandres de cette pochette, sans grand intérêt au premier abord, se dégagent quelques idées fortes. La plus évidente: faire table rase du passé. Et pour cause : lors de son premier pressage, la pochette de The Return Of The Durutti Column était en papier de verre histoire de réduire à néant les vinyles susceptibles de l’encadrer dans une médiathèque. Pour tout dire, Guy Debord avait déjà expérimenté cette idée en 1958 avec ses Mémoires. En dignes héritières du situationnisme, les intentions de la bande à Vini Reilly sont toutes aussi porteuses d’une critique intransigeante envers l’industrie du disque. Comme pour signifier que tout ce qui a été produit auparavant doit d’être oublié. »
→ Maxime Delcourt cit. live-concert.sfr.fr
¹⁰ Maxime Delcourt cit. live-concert.sfr.fr
Plus de ressources sur Peter Saville:
→ Les archives de la Factory Records sur petersaville.info
→ Divers entretiens avec Peter Saville sur factmag.com, uponpaper.com, clashmusic.com et creativereview.co.uk
→ De la lecture et de belles images sur designmuseum.org, codex99.com, spikemagazine.com et jamesbrookdesign.blogspot.fr
→ Décryptage de la pochette du single Blue Monday sur inside-rock.fr
→ Décryptage de la pochette Unkown Pleasure de Joy Division sur adamcap.com et fromageplus.wordpress.com
→ Rapide histoire de la Factory Records