Noa Noa – Paul Gauguin
Présentation d’Isabelle Cahn. Documentaliste au musée d’Orsay.
Extrait de la revue (artabsolument) n°6, 2003.
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« Il existe trois versions du récit du premier voyage de Gauguin à Tahiti. La plus ancienne est une simple liasse de papier peu illustrée, qui constitue le premier jet du texte réalisé au début de l’automne 1893. Ce document, entièrement de la main de Gauguin, se trouve aujourd’hui au Getty Center for History of Art and the Humanities. Ce texte est longuement retravaillé pendant l’hiver 1893-94 avec la collaboration du poète symboliste, Charles Morice, un disciple de Mallarmé. Gauguin recopie cette nouvelle version sur un album qu’il intitule Noa Noa /Voyage de Tahiti – noa noa signifie odorant en tahitien -, aujourd’hui conservé dans les collections du musée d’Orsay, et réalise une série de gravures destinées à l’illustration du livre. L’artiste a, en effet, l’intention de faire publier Noa Noa avant de repartir à Tahiti. Mais, lorsqu’il s’embarque pour l’Océanie en juin 1895, Morice n’a toujours pas achevé sa partie. Ce dernier conserve une copie du texte qu’il reprendra pendant plusieurs mois et qui constitue un troisième manuscrit aujourd’hui conservé à la Temple University Library à Philadelphie. Cette version, que Gauguin n’a pas approuvée, sert de base à la publication d’extraits de Noa Noa dans La Revue blanche en 1897, et sera éditée en 1901 par les éditions La Plume.
Renonçant à incorporer la totalité des nouveaux textes de Charles Morice dans son album, l’artiste entreprend d’utiliser les pages laissées blanches pour y introduire une riche iconographie composée de toutes sortes d’œuvres et de documents, aquarelles, dessins, gravures, monotypes, photographies, combinés dans des assemblages audacieux. L’autonomie du récit et des images, l’originalité de la mise en page, l’insistance sur la suggestion plus que sur l’illustration contribuent à faire de l’album du musée d’Orsay un livre d’artiste d’une beauté et d’une modernité exceptionnelles. » (Isabelle Cahn cit. (artabsolument) n°6, 2003.)
Pour aller plus loin :
→ Lire la version définitive de l’ouvrage (1924) sur le site gallica
→ De nombreuses œuvres sur l’agence photo de la RMN, le site du MET, wikimedia, …,
→ Un catalogue d’exposition magnifique de 1959
→ Écouter une conférence réalisée pour le lancement de l’exposition Gauguin l’alchimiste
→ Un peu de lecture sur agoras.typepad.fr, Gauguin et Tahiti par Philippe Peltier, l’article de la revue (artabsolument)