Michel Quarez

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Photographie du portrait : © Michel Quarez | Jan Lenica Award

« Michel Quarez occupe une place originale dans le paysage actuel de l’affiche, car il est l’un des derniers représentants d’un ‘genre’ presque disparu : l’affichiste véritable. La conception de son art, exigeante, ne s’est jamais accommodée de l’intermédiaire des agences de publicité : convaincu que l’efficacité pratique d’une affiche est inséparable de sa valeur plastique, Michel Quarez veut avoir directement affaire à l’annonceur. La manière de cet artiste peintre s’accorde bien à l’affiche, dans sa conception classique d’art monumental. Il traite ses sujets par grandes masses de couleurs saturées et cherche à provoquer un choc visuel maximum, effet que renforce l’emploi fréquent d’encres fluorescentes. Le détail superflu est banni. La simplicité de ses images fait songer à un art primitif et n’est pas sans évoquer la signalisation routière. L’impression est le plus souvent celle d’une force joyeuse, d’une fête de la couleur qui appelle invinciblement le regard […] »

Communiqué de presse de l’exposition Quarez – Affiches à la bibliothèque Fornay

 

« L’œuvre et l’homme se ressemblent, c’est le même esprit décapant et joyeux, la même morale sans culpabilité, le même éclat en somme. Une affiche de Michel Quarez se reconnaît de suite, à sa vitalité bondissante, à la trépidation des couleurs fluo, mais aussi à sa picturalité vive : le tranchant de l’idée est inséparable du tranchant du pinceau. Ses maîtres sont le grand Savignac mais aussi Matisse, Picasso et quelques autres. Son affaire n’est pas la communication, mais la peinture. Et il a su préserver sa liberté d’artiste, traitant directement avec l’annonceur, sans l’intermédiaire d’une agence, et refusant qu’un slogan vendeur vienne polluer son affiche : l’image doit suffire. Et pour cela, pour suppléer aux mots, elle doit être extrêmement tendue. Il s’agit, dit-il, d’“amener le signe à l’évidence de la signalétique des autoroutes”. […] »

– Manuel Jover cit.connaissancedesarts.com

 

« J’ai horreur des fanatiques de l’informatique. Je travaille toujours debout pour pouvoir prendre du recul et ne pas être vampirisé par ce clignotement hypnotique. Ce qu’il y a de passionnant dans l’infographie, ce sont les matières que la machine permet d’obtenir et qui sont impossibles à approcher par la peinture. Il ne faut surtout pas lisser ces images comme on a tendance à le faire actuellement […] »

– Michel Quarez cit. revue Signes | Janvier 1993

 

« Michel Quarez est né en 1938 à Damas. Après les Beaux-Arts de Bordeaux, il sort diplômé de l’ENSAD en 1961 et part deux ans à Varsovie suivre l’enseignement de Henryk Tomaszewski (comme toute une génération marquante de graphistes français, notamment les membres de Grapus ou Alain Le Quernec), puis à New York à l’époque d’Andy Wharol et du Velvet Underground. Il affectionne particulièrement le travail de Savignac. C’est à partir de la fin des années 1970 que sa production d’affiches se développe : les commandes proviennent en majorité de structures publiques (mairies, Conseils généraux, ministère de la Culture), mais aussi d’organismes d’obédience communiste, pour des occasions très diverses : fête du livre, fête de la musique, marché aux fleurs, vœux, expositions, 14 juillet, ateliers ouverts, prévention du sida, campagne anti-raciste, etc. La mairie de Saint-Denis, où il habite depuis 30 ans, lui passe régulièrement commande, tout comme il a créé une vingtaine d’affiches pour Bobigny-sur-Ourcq été 2007[…] »

– cit. pixelcreation.fr

 
« Surtout ne pas être graphiste… Tout le monde peut faire des logos et se complaire dans cet univers de flics et d’adjudants-chefs. Une affiche c’est : où, quoi, comment, et c’est tout; les maniaqueries des concepteurs de logos peuvent la détruire totalement. Tous les graphistes sont en fait dans une démarche publicitaire et je ne comprends pas pourquoi ils la critiquent. La publicité n’est qu’un épiphénomène et il y a des combats bien plus passionnants à mener. De plus, certaines créations publicitaires sont superbes ce qui est dur c’est de travailler avec les gens de la publicité dont la logique est souvent difficile à comprendre… Avoir des 4 par 3, c’est mon rêve. La rue est ma galerie et je ne fais aucune dissociation entre peindre et faire une affiche […] »

– Michel Quarez cit. revue Signes | Janvier 1993

 

« La grande leçon de Michel Quarez, c’est son culot intégral, c’est-à-dire sa parfaite intransigeance sur sa liberté d’artiste. “Je surprends mes commanditaires en leur disant que je suis dans l’incapacité de transmettre leur message, que l’affiche n’a même pas le pouvoir de communiquer, qu’en fin de compte, elle peut tout juste faire du bien, comme un massage”. Cette position, pour un affichiste, ou plutôt un peintre-affichiste, car ainsi se considère-t-il, peut sembler intenable aujourd’hui ; c’est la seule qu’il lui importe de tenir. Il est un artiste, non un communiquant. Il revendique la méthode “à l’ancienne”, consistant à traiter directement avec l’annonceur, en intelligence directe, sans l’intermédiaire des agences toujours promptes à passer le projet à la moulinette du marketing. Aussi est-ce parmi les institutions, soucieuses de promouvoir des idées et non des marchandises, collectivités, municipalités, syndicats, ou encore associations, qu’il trouve ses annonceurs. Il faut à Quarez des annonceurs “volontaires”, qui acceptent que leur demande s’efface devant sa réponse, celle-ci allant rarement dans le sens du poil. Quarez parle de là où il est et part de ce qu’il est. Aussi ses images sont-elles peuplées des gens parmi lesquels il vit, habitants des banlieues “réduits” à des signes distinctifs — casquettes à l’envers, pantalons “baggy”. — et souvent rehaussées d’emblèmes anatomiques qui proclament ses goûts érotiques. L’absence totale de culpabilité autorise la gaîté la plus effrontée, qui s’exprime tout d’abord dans l’usage des couleurs : une sorte d’absolu de la puissance énergétique de la couleur, qui reste sans équivalent. »

– cit. artnet.fr

 

« En 1988, le Salon international de l’architecture organise un concours d’affiches pour sa première édition. Michel Quarez accepte d’y participer bien que selon lui, ce type de concours reflète l’indétermination du commanditaire qui préfère organiser une compétition plutôt que d’assumer sa part de création par un choix déterminé et responsable. Commander une affiche, ce n’est pas acheter un type de communication prévisible à l’avance, c’est accepter de confier à quelqu’un d’autre la transmission d’un message. L’oiseau figurait sur le projet d’annonce presse destinée aux architectes pour l’appel à participation. Michel Quarez voulait symboliser le besoin basique d’avoir un nid. Le salon se révéla par la suite être axé non pas sur le travail des architectes mais sur les commandes des maîtres d’ouvrages : le côté grand public, information et ouverture vers l’extérieur, n’était en fait que très relatif.

[le bonhomme qui court] Cette affiche est née d’un travail sur une esquisse, présentée en même temps que l’oiseau : sous les tropiques, un homme nu se réfugie sous une feuille de bananier pour se protéger de la pluie. Une recherche sur l’image primitive de l’abri. Mais l’affiche ne fonctionnait pas, il fallait raconter trop de choses. Alors vint ce bonhomme sans bras qui courait devant la pluie, souvenir d’un bonhomme de Tomaszewski. La pluie cessa, le bonhomme resta. Va-t-il au salon ou le fuit-il ? Pour comprendre la vie d’une image, il faut aussi en étudier les interprétations malveillantes en y répondant, on peut cerner ce qui fait le propre de la réussite du projet. […] »

– les affiches de Michel Quarez pour le Salon international de l’architecture cit. revue Signes | Janvier 1993

 

« Au mur de l’atelier, on voit, collé sur une grande feuille, un petit personnage découpé, en mouvement : “Je voudrais faire le petit personnage en relief d’une couleur, sur un fond d’une autre couleur. C’est un problème esthétique que j’ai déjà abordé avec les pinceaux, mais maintenant je voudrais l’aborder avec des rouleaux, ça me donne une autre matière. Je ne suis pas sûr du résultat. Je suis assez roublard pour être plus sûr que je ne le prétends, mais il y a une petite aventure, un petit exercice. Un peu d’imprévu.” D’un ton grave il ajoute, pince-sans-rire : “Sans imprévu, c’est la statufication. La pétrification. La Mort.” […] »

– Sébastien Banse cit. lejsd.com

 


Plus de ressources sur Michel Quarez :

→ De nombreux articles sur next.liberation.fr, artnet.fr, pixelcreation.fr, lejsd.com, achener.over-blog.org
Un article sur les affiches de Michel Quarez pour le salon international de l’architecture
→ De nombreuses affiches sur letitiamorris.com, stedelijk.nl, centrepompidou.fr, vansabbenauctions.nl
→ Plusieurs vidéos : Michel Quarez raconte son art sur les murs, Quarez fait le mur (Journal l’Humanité), Dans l’atelier de Michel Quarez
Un aperçu de sa bande dessinée psychédélique Mod Love réalisée en 1967
Raoul Sangla et Macha Mieg rencontrent Michel Quarez dans son atelier (vidéo | 2006)