Couverture du portrait © INA
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« S’il est connu pour sa Classification des caractères d’imprimerie, en usage aujourd’hui encore, on ignore parfois que Maximilien Vox (1894-1974) était un personnage aux talents multiples. Graphiste, auteur, typographe, éditeur, publicitaire, il était un amoureux de la lettre, de son élégance, et de son équilibre, amour auquel il consacra son existence. Le portrait d’un homme de lettres accompli, fondateur des Rencontres de Lure, et qui laisse derrière lui un héritage riche et intemporel. »
– cit. delure.org –
« […] Samuel Théodore William Monod, dit Maximilien Vox, fut tout jeune attiré par les arts graphiques et se consacra d’abord à la gravure. À peine âgé de vingt ans, il expose au Salon des humoristes, à Paris. Après la Première Guerre mondiale, il continue sa carrière artistique, expose en divers salons, dont le Salon d’automne, ses peintures et ses gravures. Il prend contact avec le monde typographique en illustrant des œuvres célèbres, telle l’édition des œuvres complètes de Molière qui paraît en 1928. Et, surtout, il collabore à la revue de Charles Peignot, Arts et métiers graphiques, publiée de 1927 à 1939. À partir de ce moment, il accentue son penchant pour la typographie d’art, étudie les proportions de nouvelles lettres pour les frontispices, mais aussi la mise en page […]
Il est temps de ne plus considérer la typographie pour son utilité, ni pour ses beautés ; mais en tant que discipline de l’esprit, c’est à dire pour son universalité.
Devenu professeur à l’École nationale supérieure des beaux-arts, il est, au début des années 1940, chargé de promouvoir la typographie : il crée alors l’Union bibliophile de France. De son village de Haute-Provence, Lurs, il poursuit sa fonction éditoriale (il avait déjà publié certains journaux, et notamment Micromégas, de 1936 à 1940, journal mensuel de Maurice Robert), imprimant dans son propre atelier des ouvrages comme le Testament d’un typographe (1960). De 1949 à 1964, après un passage à la direction des Éditions Denoël, il dirige les seize numéros hors série de Noël, publiés par la revue Caractère. Soucieux de voir la typographie se perfectionner, il invente une classification des onze grandes familles de caractères adoptée par l’Association typographique internationale en 1962 et il publie en 1963 Faisons le point, livre dans lequel sont rassemblés une centaine d’alphabets d’artistes typographes contemporains. »
– cit. encyclopédie universalis.fr –
« Maximilien Vox est à peu près le seul à marquer de son empreinte quelques-unes des productions éditoriales courantes ; il travaille chez Grasset et dessine notamment la fameuse couverture des Cahiers verts, une série de semi-luxe au même titre que Les essais chez Gallimard. Il travaille encore chez Plon, avec Deberny et Peignot pour lesquels il réalise de somptueux Divertissements typographiques qui sont censés stimuler la créativité des éditeurs et des imprimeurs parisiens […] Son travail, à la fois classique et innovant, son amour de la lettre forte, bien dessinée dans de très gros corps, préfigurent pourtant le véritable génie de la typographie propre à Pierre Faucheux qui éclate dix ans plus tard. Chez les deux hommes, on retrouve la même méfiance pour l’illustration en couverture, le même désir de faire régner la sublime beauté noire d’un Didot bien gravé. »
– Olivier Bessard-Banquy cit. La typographie du livre français –
« La difficulté principale vient du manque de prévoyance des auteurs qui choisissent, en général, des titres d’une mise en pages extrêmement scabreuse, et s’y tiennent obstinément. Le seul écrivain qui ait cédé aux exigences du typographe, c’est Blaise Cendrars, qui prétendait appeler son livre le plus célèbre : La merveilleuse histoire du général Johann August Suter, soit 55 lettres en comptant les blancs. Devant mon désespoir, il accepta de ne plus l’intituler que l’Or et, pour sa récompense, il a l’une des plus belles couvertures du monde. Auteurs, mes amis, choisissez des titres de trois lettres : il doit en rester, et des meilleurs. »
– cit. Le Crapouillot. Noël 1926 –
« […] Maximilen Vox collabore avec Charles Peignot et lance les Divertissements Typographiques de la fonderie Deberny et Peignot. Il est directeur artistique et conseiller typographique pour la compagnie de chemin de fer de luxe PLM où il crée des affiches. Il propose aussi pour le PLM une gamme de caractères typographiques recommandés, dont un caractère sur-mesure qui mélange minuscules et capitales, dans un style linéale géométrique associé à une mécane géométrique. Il donne également des conférences en anglais à la New York University en 1928. Il participe à la création du journal le Témoin de Paul Iribe. En 1932, il crée des catalogues de luxe pour les Galeries Lafayette, Hermès et le Printemps. Fondateur de la revue littéraire Micromégas, il participe également à la revue de Charles Peignot Arts et Métiers Graphiques dans laquelle il écrira en 1935: “L’âge de l’imprimerie touche à sa fin, […] l’époque du papier aura très peu duré.” C’est lui qui crée le standard typographique de la nouvelle SNCF en 1938, le Standard est considéré comme l’une des premières chartes graphiques françaises et à ce titre il est un peu le trésor national des professionnels de la communication, en tout cas l’un des documents fondateurs de leur métier et qui publie la correspondance de Napoléon (600 lettres de travail) pour la NRF en 1943; il édite aussi de nombreux ouvrages dans le cadre de l’Union Bibliophile de France.
Après guerre, il met à profit ses talents au bénéfice de différents ministères français, en rationalisant l’usage de la typographie (1945-47). Il est par ailleurs directeur artistique d’Air France revue en 1948. Il fonde la revue Caractères, ainsi que Caractères Noël. Pour cette revue, il rédige un plaidoyer pour une “Internationale de la typographie” dans lequel il évoque son confrère et proche ami Stanley Morison qu’il érige en maître incontesté de la lettre en Europe. Il publie d’autres textes fondateurs tels que Pour une graphie Latine et en Défense du vocabulaire dans lesquels il met en perspective la richesse de la typographie occidentale dans son ensemble. Plus tard, en 1949, il devient l’administrateur des éditions Denoël et crée l’Oscar de la publicité en 1951.
En 1952 il démarre les Compagnons de Lure (première appellation de l’association) avec Jean Garcia, Jean Giono, Lucien Jacques, Robert Ranc. L’idée première était de réunir, par parrainage de deux compagnons, des graphistes, imprimeurs, journalistes, photographes, enseignants, éditeurs, artistes qui se posaient des questions sur l’avenir des métiers de l’écriture, de la typographie […] Les Rencontres de Lure seront officialisées en 1957 […] Ces rencontres de Lure deviennent un lieu unique. Elles accueillent, depuis lors, nombre de personnalités du monde du graphisme et de la typographie issues de la scène française et internationale, comme à l’époque (et dans le désordre): Charles Peignot, José Mendoza, Roger Excoffon, Marcel Olive, René Ponot, Georges Mathieu, Raymond Savignac, Bernard Villemot, Robert Massin, Eugène Ionesco, Raymond Gid, Abraham Moles, Fernand Baudin, Albert Hollenstein, Peter Knapp, Gérard Blanchard, Kurt Weidmann, Hermann Zapf, Adrian Wilson, FHK Henrion, François Richaudeau, John Dreyfus, Nicolas Barker, Josef Müller-Brockman, G. Willem Ovink, Michel Olyff, Carl Dair, Aldo Novarese, Aaron Burns, Olaf Leu, Ladislas Mandel, etc.
« Chaque famille de caractère, selon la classification de Lure possède son passé, son présent, son avenir. Chacune de ces familles correspond à la fois à un style graphique, à un moment de l’histoire, à un fait intellectuel. »
En référence au lancement de la nouvelle “classification Vox”, mise au point dans le cadre des Rencontres de Lure, Maximilien Vox discute des classifications de caractères dès mai 1954 à Stockholm; il évoque alors la classification d’Alfred Thibaudeau comme un point de départ, car trop limitée et pas plus adaptées que les classifications Anglo-Saxonnes basées sur un fil historique qui aboutissent à une confusion totale.
Il puise ses références dans la morphologie et la biologie, comme pour mieux faire comprendre ces nouveaux concepts de l’époque. “Toute connaissance de la lettre repose sur l‘étude de l‘évolution de ses formes dans le passé; et sur la classification de ses formes dans le présent.” Il est convaincu de l’impossibilité d’un catalogue rationnel. La classification de Vox est surtout l’établissement d’un vocabulaire permettant de décrire des formes. C’est aussi pour cela que sa classification est proposée sous la forme d’un cercle. Maximilien Vox aimait expliquer que chaque caractère a deux parents, comme pour mieux affirmer la notion même d’un vocabulaire ouvert plutôt que d’une collection de cases infiniment petites et sous-compartimentées. […] »
– Jean François Porchez cit. typofonderie.com –
« Ces familles ont été déterminées d’un point de vue, c’est-à-dire selon les caractéristiques réelles présentées par les modèles de lettre employés en imprimerie, et en tenant compte du fait que chaque être vivant procède de deux parents et présente des traits héréditaires qu’il suffit de savoir reconnaître. Le défaut, à notre avis, des classifications trop savantes ou trop subtiles proposées jusqu’ici est de ne pas s’être appuyé sur cette notion essentielle de filiation ou de l’avoir réduit à une simple notion chronologique ou esthétique. »
– Maximilien Vox cit. Nouvelle classification des caractères, Estienne, 1954 –
Plus de ressources sur Maximilien Vox :
→ Un article très complet de Jean François Porchez sur le blog typofonderie
→ Consulter l’article Maximilien Vox and the French Graphie Latine movement against modernism de Manuel Sesma
→ Consulter Défense & illustration de la lettre Publié par Monotype en 1955
→ Lire son livre Faisons le point, 1963
→ De nombreux articles sur la plateforme Persee.fr
→ De nombreuses ressources et réalisation sur gallica
→ Gérard Blanchard nous présente Maximilien Vox
→ Consulter l’ouvrage Livret typographique de L. Danel, 1935
→ Les archives de Lure sur immaterielles.org
→ Plusieurs numéros des Divertissements typographiques en consultation
→ Consulter plusieurs numéros de Caractère Noël
→ Le site des Rencontres Internationales de Lure
→ Regarder ne video de L’INA : Lurs : Congrès International des arts graphiques de 1959
→ Lire l’article Mémoire d’un typographe : le coup de bleu par Maximilien Vox
→ Lire l’article de Mathias Rabiot :Les secrets des Rencontres de Lure
→ Lire La typographie du livre français et La typographie suisse du Bauhaus à Paris
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2 Comments
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A vous lire & vous découvrir….
Plusieurs articles concernant Maximilien Vox, dont une lettre, sur le blog sergefiorio.canalblog.com
Bien cordialement,
André Lombard.