En couverture : membres de la société secrète Douk-Douk
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Le couteau Douk-Douk a été créé en 1929 pour le marché de l’Océanie. Sur le manche de ce couteau figure une représentation d’un Douk-Douk, qui est l’incarnation d’un esprit dans la culture mélanésienne. C’est le concepteur Gaspard Cognet qui choisit cet emblème en feuilletant un dictionnaire illustré, sans doute La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts par Ferdinand-Camille Dreyfus et Marcellin Berthelot.
« Douk-Douk. est le nom d’un personnage et d’une institution qui jouent un grand rôle dans la vie sociale des Mélanésiens de l’archipel de la Nouvelle-Bretagne. Aux yeux de ces insulaires, le Douk-Douk est un esprit doué de qualités surnaturelles, tandis qu’en réalité c’est un homme déguisé, dont l’accoutrement consiste en un masque cylindrique en écorce surmonté d’un chapeau pointu et en un manteau de feuilles de palmier couvrant le corps jusqu’aux genoux. L’homme chargé de faire le Douk-Douk est ordinairement un confident du chef de tribu et un affilié à la société secrète formée d’autres Douk-Douk et de jeunes gens de la tribu qui y sont entrés moyennant le payement d’une somme assez élevée.
Le Douk-Douk est une espèce de justice personnifiée. Vêtu de son costume qui lui donne un air horrible, il parcourt en criant et en hurlant hameaux et villages, et tous ceux qui ne sont pas dans son secret se sauvent devant lui, épouvantés. Il va à la hutte de l’indigène contre lequel on lui aurait déposé une plainte, ou que l’on soupçonne d’un crime, et lui inflige la punition qui peut varier d’une simple amende à la peine capitale.Personne n’ose lui résister, car tôt ou tard la mort violente viendra frapper celui qui a levé la main sur le Douk-Douk. Les membres de l’alliance secrète du Douk-Douk, qui se reconnaissent à certains signes, tiennent des réunions dans des lieux dont l’approche est interdite aux profanes sous peine de mort; ils s’y adonnent, sous la présidence du chef de tribu, aux chants, aux danses et aux repas copieux dont souvent la chair humaine fait le plat d’honneur. Ils sont aussi sorciers et guérisseurs. »
– J. Deniker cit. La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts –
Durant les danses rituelles, leurs membres invoquent l’esprit masculin Douk Douk et l’esprit féminin Tubuan selon le masque que le danseur porte. Traditionnellement, le Douk Douk est plus grand que le tubuan et sans visage tandis que le tubuan a des yeux circulaires et une bouche peinte en forme de croissant sur un fond sombre.
« Le marché mélanésien s’étant révélé décevant, la commercialisation du Douk-Douk se tourna alors vers l’Afrique du Nord où, en très peu de temps, il allait connaître un succès sans précédent […] À la veille de 1939, il se trouvait définitivement adopté et était même devenu « couteau de poche national » de l’Algérie, alors province française. Le Douk-Douk allait alors gagner le Liban et l’Indochine, sans doute apporté par les troupes d’Afrique, et s’y répandre largement. Le tranchant de rasoir de sa lame et sa forme ultra plate permettant de le dissimuler allaient en faire alors une arme redoutable, loin de l’usage pacifique pour lequel il avait été conçu […] De l’Afrique du Nord, le Douk-Douk gagna progressivement l’ensemble du continent africain à la faveur d’expéditions militaires, de caravanes de marchands arabes ou emportés dans les bagages des explorateurs et baroudeurs très nombreux à cette époque […] Ironie de l’histoire : pratiquement inconnu en France, le Douk-Douk est arrivé au retour des troupes françaises et surtout des rapatriés civils suite à la décolonisation. Il commença alors une nouvelle carrière avec le développement et la modernisation de l’ensemble de la gamme de produits de la manufacture Cognet. »
– cit. Le parcours étonnant du Douk-Douk –
Pour aller plus loin :
→ www.douk-douk.com
→ Un article sur l’histoire du couteau Douk-Douk
→Une vidéo d’archive montrant une danse Douk-Douk