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« Jurriaan Schrofer (1926-1990) était un designer graphique, pionnier dans le domaine du design de livre qui travailla entre autre au sein de l’agence Total Design fondée quelques années plus tôt. Malgré une longue et prolifique carrière qui eu comme résultat une vaste gamme de documents imprimés pour des clients aussi importants que la Poste néerlandaise, Telephone & Telegraph services, le magazine du Forum et les éditions scientifiques Mouton, le nom Jurriaan Schrofer n’est pas particulièrement bien connu en dehors d’un petit cercle international d’afficiadios de typographie. Schrofer cultivait une approche farouchement idéaliste du design. Beaucoup de ses dessins sont à couper le souffle, tant dans l’exécution formelle que dans la rigueur intellectuelle. Schrofer détestait le dogmatisme. Il préférait développer son penchant pour le bricolage expérimental qui lui permettait de questionnait sans cesse le design graphique orthodoxe.
« A computer designer of the pre-computer age »
Informé par les possibilités graphiques de l’Op Art, beaucoup de ses expériences typographiques anticipent étrangement les constructions des font numériques actuelles. Avec leurs aspects soigneusement construites, les polices de caractères dessinées par Schrofer donne une sensation de production numérique bien que chacune était dessiné à la main ou bien découper à partir de Mecanorma ou de planche de lettre transfert. Schrofer prenait alors ces expériences et les superposait dans des arrangements complexes en utilisant des techniques couramment associés au travail de chambre noire en photographie. Lors de ces expérimentations la précision mathématique a été atténuée par l’utilisation inventive de couleur, rendant l’ensemble joyeux et ludique.
Les polices de caractère se déforment ainsi jusqu’à la limite de la lisibilité, les mots s’étirent, tournent en boucle ou se transforment à volonté créant ainsi un langage typographique nouveau et hypnotique. La quête de typographie dynamique est un fil conducteur de son oeuvre. Intrigué, dans les années cinquante, par les effets spatiaux il a ensuite poursuivi ses expériences avec la typographie dynamique. A partir des années soixante, grâce au traitement photographique des mots et des images, il étudie les possibilités visuelles de caractères et de motifs. Son travail explore la relation entre l’espace bidimensionnel et tridimensionnel. Schrofer fait tout avec patience, à la main sur la base de dessins et de calculs. »
– Laetitia Boiteau cit. issuu.com –
« Mais il y a une autre tradition, plus récente, de la typographie en Hollande, associée surtout avec les avant-garde hollandaises et européennes comme De Stijl et le Bauhaus, où la puissance de la rhétorique est autrement exploitée. Car, dans cette deuxième catégorie de typographie, quand le signe conventionnel devient iconique, il tend à devenir plus opaque, plus sensuel, plus visible. Il tente de convaincre le récepteur (lecteur et observateur) par la rhétorique de sa présentation plutôt que par la transparence de son message. Et comme c’est le cas avec l’art pictural, les procédés rhétoriques utilisés par la typographie comprennent des éléments caractéristiques de la rhétorique discursive: mise en relief répétition, pléonasme, énumération, parallélisme. Ainsi la mise en relief peut être exprimée par l’échelle des lettres ou en utilisant des caractères gras. La répétition se transforme en termes visuels par la multiplication du même caractère ou de la même lettre, comme dans les effets de poésie typographique créés par Jurriaan Schrofer dans son superbe timbre commémorant le cinquantenaire de l’IAO […] »
– cit. Rhétorique et image –
Plus de ressources sur Jurriaan Schrofer :
→ Une incroyable archivage du travail de Schrofer
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