Julien Lelièvre

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Photographies de l’article © Julien Lelièvre & Le Club des chevreuils

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Hello Julien,

tu es graphiste indépendant, tu proposes différentes réponses graphiques pour des besoins clients et tu es également investit dans la photographie peux-tu nous raconter quel est ton parcours ? 
J’ai eu une formation de design graphique à Dupérré (BTS) puis à Olivier de Serres (DSAA). Je suis graphiste indépendant depuis 2004, j’ai travaillé dans/pour quelques studios avant de rejoindre l’Atelier de création graphique dirigé par Pierre Bernard. J’y suis resté un peu plus de 5 ans avant de me lancer en solo. J’ai toujours pratiqué la photographie, même avant les écoles d’art et jusqu’en 2009, je n’avais pas vraiment cultivé la commande photographique. Depuis que j’ai compris que les deux pratiques pouvaient se nourrir et se compléter, j’ai décidé de les développer ensemble. L’élément déclencheur c’est l’allocation de recherche du CNAP pour le projet Art d’autoroute en 2009, un projet qui mélange graphisme et photographie.

Quelle place occupe la photographie pour toi ? 
C’est une véritable bouffée d’air frais. Les commandes que j’ai pour l’instant me font lâcher l’ordi et tout ce qui va avec la routine du graphiste. C’est une autre culture, un autre mode de fonctionnement qui a sa propre routine aussi mais dans un timing différent. Je fais aussi beaucoup d’images au quotidien, sans pour autant avoir le gilet à poches du photographe.

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D’où vient ton intérêt pour le design graphique?
De ma formation, mais aussi de mes collègues d’école de l’époque: Le Club des chevreuils. Ensemble, on a beaucoup plus appris qu’auprès de certains profs. L’échange et le partage des références était un véritable moteur. Par la suite, évidemment, le fait de travailler avec Pierre Bernard a considérablement changé ma vision de la commande, et du rapport commanditaire-graphiste.

As tu un caractère de prédilection ? 
Surtout pas !

Il t’arrive également de faire diverses publications, quel est ton rapport à l’édition ?
J’aimerai faire beaucoup plus de livres mais je n’ai pas de commandes de ce type.
C’est le syndrome de la boite de nuit: « c’est réservé aux habitués ». Si tu n’as pas fait de livres, tu ne peux pas postuler pour en faire un (pour la commande institutionnelle). Du coup le serpent se mord la queue et tu ne peux jamais t’en sortir. Je fais d’autres types de publications, plus ou moins étoffées, qui sont à mi-chemin entre la plaquette, le journal ou la brochure. L’auto-publication que j’ai beaucoup pratiqué il y a quelques temps est encore une pratique à part qui me permet davantage d’archiver des recherches, des idées.

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Tu collabores avec différentes personnes comme par exemple Jean Baptiste Levée en 2013 pour le musée Picasso à Paris, où plus récemment Avec Thanh Phong lê & l’atelier collectif pour la journée nationale de l’archéologie. Comment abordes tu le travail en groupe ? Et comment se constituent les équipes avec lesquelles tu travailles ? 
On a créé l’Atelier collectif en 2012 à la base comme un lieu d’échange et de partage des connaissances. Nous sommes 7 designers: François Doll (architecte d’intérieur), Emmanuel Labard (graphiste), David Lebreton (scénographe), Fabien Lelu (graphiste web), Jean-Baptiste Levée (typographe), Thanh Phong Lê (graphiste) et moi. On a imaginé cette « alliance » parce qu’elle permettait aussi pour nous sur certains projets de monter une équipe solide et capable de traiter une commande « tout terrains »: du print au web, du papier au volume en passant par l’écran.

Le concours du musée Picasso était une commande idéale pour nous: création d’un caractère exclusif, identité visuelle, outils de communication, site web, signalétique. On a travaillé à trois à l’atelier et ce premier « test » nous a amené à recommencer l’opération plusieurs fois. C’est le cas pour pas mal de projet et comme récemment avec les journées Nationales de l’archéologie, ou avec l’exposition The Wasteland au Mona Bismarck. On configure l’équipe en fonction des besoins du projet et des applications qu’il va nécessiter. C’est pour cela qu’à l’atelier, il y a des projets qui se font à 2, 3 ou plus. On s’adapte.

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A-t’on un « devoir de matérialité » dans les livres aujourd’hui, est-ce du aux différents enjeux économiques, quel est ton positionnement ? 
Je crois que l’essentiel est de créer un objet qui est en adéquation avec le sujet. Comme pour le graphisme, si le budget est là, on réfléchit toujours mieux à cette adéquation 🙂 Néanmoins, il m’arrive souvent d’avoir plus de libertés quand il n’y a quasiment pas de budget… c’est assez étrange quand on y pense.

Que conseilles-tu à des étudiants qui terminent leurs formations et qui s’apprêtent à rentrer dans le « monde du travail » ? 
De passer par une agence/bureau/atelier pour “apprendre à travailler”. À la sortie de l’école, on n’a aucune idée de la réalité du terrain. Passer par ce genre de structures, ça permet d’assimiler les rouages du métier et de ne pas prendre de risques à son compte. C’est déjà suffisamment compliqué de comprendre comment fonctionne la maison des artistes…

As tu un graphiste qui a particulièrement attiré ton oeil ces dernier temps, pourquoi ?
Je trouve le travail de Cornel Windlin vraiment remarquable et toujours juste, et en même temps, il n’a pas de site internet ! Les images qui circulent sur les tumblr finissent pas se noyer elle-même dans une masse où on n’a pas d’informations sur le contexte du travail ni sur le parti-pris de l’auteur. Cette désincarnation de l’image est assez dangereuse en fait car on se préoccupe juste de la valeur esthétique du visuel au dépit du sens…

Sur ce point que conseilles-tu pour pour avoir une « vitrine » sur ton travail aujourd’hui ? 
Je pense qu’on ne peut pas vraiment faire autrement qu’avec le tumblr et/ou un site mais le plus important est de savoir bien parler de ses projets avec ces médiums. Si ça ne passe pas par le texte, L’image doit prendre le relais dans un but pédagogique ou didactique…

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Un ou une dessinatrice de caractères dont tu admires secrètement le travail ?
Beaucoup et en même temps, je ne suis pas le plus geeké à ce niveau là. Of course la team de chez Production type (Jean Baptiste Levée, Quentin Schmerber, Emmanuel Besse, Loic Sander…), Yoann Minet, Jack Usine, David Poullard, Milieu Grotesque, Radim Pesko, la team de chez Lineto avec bien sûr Laurenz Brunner, les gens de chez Heavyweight (Filip Matejicek & Jan Horcik)… et puis pour l’ancienne école Roger Excoffon, Matthew Carter, Adrian Frutiger… la liste est longue!

Peux-tu nous parler du projet sur lequel tu travailles en ce moment ? (Art d’autoroute)
J’ai eu cette allocation de recherche du CNAP en 2009. L’objectif de ce projet est de recenser les œuvres d’art présentes sur le réseau autoroutier français et de les rassembler dans un livre. J’ai travaillé pendant 5 ans sur les recherches d’infos et les contacts avec les artistes, sur une cartographie détaillée, des itinéraires adéquats, quelques tests de prises de vues et enfin les sessions de prises de vues planifiées. Ensuite, je me suis mis en quête d’un éditeur pour finaliser ce projet mais ça n’a pas été chose facile. Les choses se sont un peu tassées pendant 6 mois et à la suite d’une interview auprès d’un journaliste de l’AFP, j’ai eu beaucoup de publications sur internet ce qui a eu comme effet qu’un éditeur m’a contacté. Je travaille donc maintenant activement au projet éditorial et à l’articulation de tout son contenu. J’ai hâte que tout ceci s’imprime!

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Un mot pour les copains ? 
CARJACKING ! TMTS ❤

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