« Le générique […] convoque le mot, l’écriture, la typographie alors que le film (depuis qu’il est parlant) associe l’image et le son. Ainsi toute relation film-générique qui contrevient à ce fonctionnement de base manifeste une intention en marge de la stricte nécessité. C’est ici que peut s’articuler une réflexion sur le générique selon Godard. » (cit. Godard simple comme bonjour)
« Plus que n’importe qui dans le champs du cinéma, Jean-Luc Godard met la typographie à l’honneur et semble entretenir une vraie obsession pour les caractères vernaculaires. Son usage récurrent, et à dessein, de la typographie dans ses films en fait un élément participant de leur intérêt, notamment à travers la sophistication des titres et des nombreux intertitres. Ce sont presque des entités autonomes, d’autres personnages, un commentaire supplémentaire.
L’un de ses caractères les plus marquant est celui apparaissant aux génériques de Made in U.S.A. (1966) et 2 ou 3 choses que je sais d’elle (1967). Si ce style de lettrage est si intéressant, c’est parce qu’il est en rupture claire avec le style ‹ sophistiqué › ou ‹ joli › des titres classiques courants dans les films les plus conservateurs de l’époque. Celui-ci a un caractère plus vernaculaire et bestial, presque ‹ lowbrow ›, il vient de la rue. En cette ère numérique il est assez rafraîchissant de voir ce genre de lettres, non faites sur ordinateur : l’aspect imparfait et taillé à la main de la forme des lettres, le mauvais crénage, les grands écarts entre les lettres et les mots, les blocs de texte justifiés, et cette manie – maladroite dans sa forme mais brillante dans son impact – de mettre les points sur les ‹ I › (capitales)… Même quand il utilise une police existante – comme l’Antique Olive dans Weekend (1967) ou La Chinoise (1967) – la forme des lettres semble également découpée au cutter, réappropriée. Susana Carvalho et Kai Bernau en digitaliseront d’ailleurs une version à l’occasion des 80 ans du réalisateur : le Jean-Luc. » (cit. Alex Chavot, Typographie et identité : une économie de la lettre)
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