« Jan van Toorn est l’un des plus importants et influents graphistes néerlandais depuis le début des années 1960. Van Toorn est porté sur le sens plutôt que sur l’expression stylistique. Ses affiches et catalogues ainsi que sa longue série de calendriers pour l’imprimerie illustrent bien sa conception du graphisme qu’il utilise comme un véritable outil critique. »
→ cit. openisbn.com
« Il est l’un des principaux acteurs du débat sur la responsabilité sociale et culturelle des graphistes aux Pays-Bas et ailleurs. Depuis la fin des années 1960, il n’a eu de cesse de défendre une culture du graphisme, en tenant compte du fait que l’information ne peut pas être neutre. Une image se doit de montrer son origine. Le graphiste doit révéler qui parle, et quels intérêts guident le message. C’est pour cette raison que Van Toorn est souvent considéré comme un graphiste politique – ce qu’il est – bien qu’il n’ait fait que peu de graphisme politique. Son propre travail graphique s’occupe plus de dévoiler sa propre mentalité, celle d’un graphiste qui démontre dans tout ce qu’il fait qu’il est un filtre, à travers lequel passe l’information publiée. Jan van Toorn tient à montrer qu’il est là. Le graphisme change un message, s’en empare, le colore ; le graphiste tromperait son public s’il se cachait derrière ce message. […]
La provenance et le caractère manipulateur d’un message doivent se voir dans sa forme.
Dans sa série d’affiches pour le Beyerd Museum, de 1981 à 1987, il use et abuse d’une image de la vedette de cinéma Sophia Loren et son jeune fils pour annoncer une série d’expositions sur le thème de ‹ L’Homme et l’Environnement ›. Chaque affiche fait écho à la précédente, et la série complète fonctionne comme une suite de références. C’est l’affirmation de Van Toorn sur la culture visuelle : chaque image est liée à une autre, et ce processus d’amalgamation produit une signification culturelle. Sur la base de son utilisation de références et de sa mise en abîme, on pourrait dire que Jan van Toorn est parmi les premiers véritables graphistes post-modernes. Mais cette caractérisation peut être revue si on admet qu’au fond il est et reste un moderniste. Non seulement son style – pour autant qu’il en ait un – est profondément ancré dans l’esthétique moderne, avec sa prédilection pour les typographies audacieuses, les images percutantes, et les compositions dynamiques et asymétriques, mais sa mentalité de graphiste est aussi étroitement liée aux idéologies critiques et sociales qui ont guidé les avant-gardes du début du vingtième siècle. […] »
→ Max Bruinsma, Je ne cherche pas, je trouve cit. etapes N°142
« Le rôle de la pratique intellectuelle (du design), je dirai, est de visualiser les perspectives sociales et culturelles plutôt que d’illustrer des réponses toutes faites auxquelles les citoyens ne se sont jamais posées. »
→ Jan Van Toorn cit. Maxime Gorky, les ambitieux géographiques
« Parmi les premières créations témoignant de cet héritage, et de l’assimilation de cet héritage par Van Toorn lui-même, la série de calendriers qu’il fit pour l’imprimeur basé à Amsterdam Mart.Spruijt. Au début des années 1970 – il créait ces pièces annuelles depuis 1960 – Van Toorn utilisait ces calendriers pour expérimenter une forme originale de montage photo, rompant avec la tradition photographique narrative établie à l’époque à travers des magazines comme Time, Life et le Sunday Times Magazine. L’idée de Van Toorn était de ne pas suivre une histoire linéaire, mais d’associer les images selon un point de vue très personnel, ce qui, d’après ce qu’il cherchait clairement, forcerait le lecteur à essayer de reconstruire l’idée ou l’histoire. L’objectif caché était, bien sûr, que le spectateur devienne conscient des stratégies manipulatrices, qui d’après Van Toorn dominent les informations, le photojournalisme et les médias en général. »
→ Max Bruinsma, Je ne cherche pas, je trouve cit. etapes N°142
« […] Jan Van Toorn en devenant enseignant dans les années 1990 à la Jan Van Eick Academy appelle à la pratique intellectuelle du designer. Non pas comme le désir abusif et individuel de devenir un incollable littéraire ou rat de bibliothèque mais plutôt comme l’attitude-critique d’un penseur responsable qui ayant pris conscience d’une part de son individualité comme potentiel créatif et d’autre part de son inscription totale dans la cité est capable de questionner sa pratique, d’interroger les projets, et de proposer des réponses cohérentes ou d’autres questions qui n’avaient pas été soulevées. »
→ Jan Van Toorn cit. Maxime Gorky, les ambitieux géographiques
Plus de ressources sur Jan Van Toorn :
→ Consulter l’article de Max Bruinsma, Je ne cherche pas, je trouve
→ Consulter l’ouvrage Jan Van Toorn: Critical Practice
→ Consulter l’ouvrage Design’s Delight
→ Consulter l’article A Passion for the Real, Jan van Toorn
→ Une conférence de Jan Van Toorn
→ Consulter l’article Wim crouWel x Jan Van Toorn:Functionalism or engagement?
→ Consulter l’article Jan van Toorn, The Designer Unmasked
→ Différents articles en anglais sur thinkingform.com, observatory.designobserver.com, designblog.rietveldacademie.nl, peterbuwert.com