Photographie du portrait : adcglobal.org
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Après un diplôme de l’école des Beaux-Arts de Kyōto en 1950, Ikko Tanaka (1930-2002) commence sa carrière à Osaka comme designer textile puis graphiste pour le journal Sankei Shimbun. Il déménage ensuite à Tokyo en 1957 où il fonde quelques années plus tard son propre studio de design (Tanaka Design Studio). Dans le Japon d’après-guerre, à la fin des années 1950, les designers japonais recherchaient un équilibre entre tradition picturales et intérêts et sensibilités modernes. Tanaka illustrera à la perfection cette vision, alliant avec succès au sein de son œuvre passé et présent dans de puissantes compositions graphiques, distillant la culture japonaise avec des procédés très contemporains (souvent des formes géométriques simples et colorées), largement inspiré par l’esthétique géométrique et minimale du Bauhaus ainsi que l’épure de l’école Rimpa traditionnel du 18e siècle.
On peut citer parmis ses principaux clients Issey Miyake, Mazda, Ferragamo ou encore Shiseido, il sera d’ailleurs nommé directeur artistique du groupe Seibu (maintenant Saison) en 1975, qui est alors l’une des société japonaise les plus importante de l’époque (Seibu Department Store, Théâtre Seibu, Seiyu, Sezon Museum of Art, et plus tard Muji). Tanaka travaillera également pour le comité d’organisation des Jeux olympiques de Tokyo en 1964 et pour l’Exposition universelle d’Osaka de 1970.
Son travail pour la représentation de la troupe de danse Nihon Buyo, pour lequel il a formé la version abstraite d’une geisha avec seulement quelques formes géométriques simples, est l’un de ses réalisation les plus célèbres. Il récidivera sur son affiche The 5th Sankei Kanze Noh de 1958 avec l’image d’une geisha se détachant de blocs colorés, en quelques coups de pinceau. Son œuvre sera récompensé à maintes reprises et fera l’objet de nombreuses expositions à travers le monde. Il jouera un rôle important dans le rayonnement du graphisme japonais à travers le monde.
« Nara, Kyoto et Osaka, où Tanaka a passé les 25 premières années de sa vie, baignent encore dans l’atmosphère traditionnelle du Japon. Arrivé à Tokyo, il se prit d’enthousiasme pour le jazz moderne et sut marier avec bonheur les éléments de l’héritage culturel national et le design contemporain tout en axant nombre de ses affiches et illustrations de presse sur les pièces traditionnelles du théâtre no et bunraku. Il n’a donc pas contradiction, mais fusion, comme le dit un architecte japonais, entre l’innocence et la coquetterie, la sérénité et le rythme endiablé qui se retrouvent tout au long de son œuvre. Le même critique constate un contraste marqué entre l’abstraction élégante obtenue au terme d’un processus de simplification et la vitalité d’un seul jet et le caractère terre à terre de la présentation: “ Comment Tanaka parvient-il à réconcilier dans le processus de design de tels facteurs opposés en apparence ? Probablement parce qu’ils conditionnent aussi sa personnalité et son mode de vie et qu’il a appris à les maîtriser d’instinct.”
La simplicité de l’art japonais est le résultat d’un patient travail de condensation visant à atteindre une qualité spirituelle qui n’est plus traduisible dans l’image. Cela vaut aussi pour Tanaka, qui aborde tous les domaines du design, jusqu’à l’aménagement de l’environnement, en restant fidèle à son style direct, mais laconique. »
– Hiromu Hara cit. Trois designer japonnais, Graphis, juillet 1973 –
Plus de ressources sur Ikko Tanaka :
→ Consulter l’ouvrage Made in Japan: Modernism After the Madness
→ De nombreux articles sur thinkingform.com, magazines.iaddb.org (2), t-o-m-b-o-l-o.eu,ikkotanaka.blogspot.fr, eyrolles.com, maggs.com, …
→ De nombreuses affiches et réalisations sur le tumblr gurafiku, moma.org, flickr.com, …