Fanette Mellier

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Photographie du portrait © vivierdeserres.fr

« Ce qui caractérise le travail de Fanette Mellier, peut-être plus que celui de tout autre graphiste, c’est son rapport à l’image imprimée et le dialogue qu’elle engage systématiquement avec ses imprimeurs (Lézard Graphique, art & caractère, imprimerie nationale…). La juxtaposition des techniques, des papiers et des formats, voulue par Fanette, incite le spectateur à participer : reconnaître d’abord, s’approprier ensuite. »

– Vanina Pinter et Yann Owens cit. Pangramme | e-d-g-a-r.fr

 
« Spécialiste du graphisme imprimé, Fanette Mellier répond à des commandes, souvent atypiques, dans le domaine culturel. En parallèle de travaux commandés, elle s’investit dans des projets expérimentaux dans le cadre de résidences, cartes blanches et expositions. Ces travaux spécifiques, parfois menés avec d’autres créateurs (écrivains, musiciens, scénographes…), lui permettent de questionner librement des notions fondamentales du graphisme typographie, couleur, fabrication, rapport à l’espace public… Sa démarche peut être définie comme une exploration poétique des techniques industrielles d’impression, en écho au contexte intellectuel, culturel et social de chaque projet. »

– cit. abm-distribution.com

 

« Concernant mon parcours… j’ai fait un bac littéraire option arts plastiques, qui s’appelait A3 à l’époque. Je l’ai obtenu en 1995, et je suis ensuite allée directement aux Arts Décoratifs de Strasbourg, où je suis rentrée en première année. J’étais assez jeune, j’avais 17 ans, et j’ai fait cinq ans dans cette école. Il s’agit donc d’un parcours assez classique, baccalauréat, école d’art… Au sein des Arts Décoratifs, au cours des deux premières années j’étais en tronc commun et j’ai choisi après de m’orienter vers la communication graphique. À ma sortie de l’école, j’ai ensuite travaillé avec Pierre di Sciullo qui était mon professeur là-bas et qui m’avait demandé d’être son assistante, c’était une sorte de stage, d’assistanat, pendant quelques mois, et je l’ai donc aidé sur des projets de dessin typographique et de scénographies d’expositions. À la suite de cela j’ai intégré pendant trois ans l’atelier de création graphique qui était dirigé par Pierre Bernard et dans lequel nous étions quatre graphistes, donc c’était un travail de graphiste, assez… comment dire, classique, au sens où c’est comme une petite agence, un petit atelier avec un graphiste reconnu qui dirige de jeunes graphistes qui l’aident dans ses projets de commandes culturelles. Après je suis tombée enceinte de mon fils, c’était en 2004, et à la suite de cela je me suis installée comme indépendante début 2005. Et cela fait donc douze ans que je travaille comme graphiste indépendante. Voilà mon parcours de manière assez factuelle. […] »

– emballage collectif cit. Conversation avec… Fanette Mellier

 
« […] L’affiche Specimen a été conçue pour une série d’expositions sur le design éditorial, dans la ville de Chaumont, où se tient un festival de graphisme international. Le design éditorial ne s’apprécie pas à la même échelle qu’une affiche, et sa qualité est liée à la qualité d’impression et de fabrication. C’est pour cela que j’ai recomposé une tapisserie obsessionnelle, avec des éléments techniques de contrôle de l’impression, car c’est un langage commun aux graphistes, mais qui est toujours en marge. Cette affiche n’est pas vraiment une image, elle est faite pour être vue de près. Le titre de l’affiche est imprimé au verso, il apparait avec le pli. Le geste du pli rappelle la matière fragile du papier, et la page cornée du livre. Cette affiche instaure un rapport texte/image qui renvoie à la matière même du papier, comme une page géante. […]

La couleur est fondamentale dans mon travail. Je l’utilise de façon fonctionnelle (classification, hiérarchie du contenu) et poétique. Souvent, les formes que je créé sont très géométriques, rigides, organisées. La plasticité et la poésie interviennent avec la couleur, qui circule dans ces formes, parfois de façon libre et aléatoire, quand je laisse une part de hasard dans l’impression. Mais je peux aussi dire qu’elle est investie différemment selon les projets, en lien avec le contenu. Par exemple, dans le projet Royans, la couleur permet de plonger le livre dans la lueur colorée d’une saison: l’été. Pour le projet Dans la lune, la couleur permet une avancée sensible dans le cycle lunaire, et une exploration de la technicité. Pour le projet Circus, la couleur permet d’obtenir des lettres uniques, qui deviennent des objets artistiques, visibles de près, et lisibles de loin. Et pour le projet Agenda commun, la couleur permet au lecteur de se repérer dans les zones géographiques pour classifier les expositions. etc. »

– Fanette Mellier cit. walkerart.org

 
« […] la couleur est vraiment structurelle par rapport au projet, néanmoins je ne pense pas à une couleur en particulier systématiquement. En revanche, je n’ai pas d’imprimante couleur, je ne travaille qu’en noir et blanc, du coup je ne fais que des sorties en noir et blanc pour voir la taille de la typographie parce que pour moi la couleur c’est la couleur réelle des encres. Je peux très bien faire une mise en page en noir et blanc, voir à l’écran ce que ça donne à peu près et me dire que les couleurs sont celles-là et je vais les projeter dans ma tête. Pour l’affiche de l’exposition François Morellet, je savais qu’elle allait être imprimée en quadrichromie et que ce serait de la quadrichromie très bas de gamme, car la ville avait un contrat avec un imprimeur et que je n’avais pas le choix d’imprimer chez Lézard Graphique. Donc dans la conception même du graphisme, je savais que l’on ne pouvait pas faire, par exemple, des couleurs comme pour le Frac Aquitaine où l’on est en trichromie et où l’on a des dégradés subtils, il fallait qu’il y ait un côté assez brut dans l’usage de la couleur, assez simple. Donc à chaque fois c’est aussi une forme d’économie ou de contrainte qui fait que je travaille de telle ou telle manière […] »

– emballage collectif cit. Conversation avec… Fanette Mellier

 

« L’exposition Dans la lune montre un cycle lunaire géant en sérigraphie, dans lequel chaque lune est surimprimée à la lune précédente. Ainsi, au début du cycle, la lune est formée d’une seule couche de couleur. A la fin du cycle, la lune est surimprimée aux 30 couches précédentes. Les aléas colorés, les jeux d’opacité, la sensualité des encres, les accidents éventuels ont dicté l’évolution du cycle. L’expérimentation de la plasticité sérigraphique est au cœur de ce projet. La thématique, à mi-chemin entre science et pure poésie, m’intéresse particulièrement, et sa matérialisation, entre contrainte technique et expérimentation, me semble tout à fait en adéquation. La scénographie prend en compte cette dimension didactique et rêveuse, avec la création d’un mobilier original du scénographe Grégoire Romanet. La question de la déambulation et de la lumière sont au cœur de ce dispositif scénographique. »

– Fanette Mellier cit. fanettemellier.com

 
« L’installation évolue tout au long du cycle. Le premier jour les lunes sont présentées alignées debout sur leurs pieds, laissant la place au visiteur de s’aventurer et observer de très près le subtil travail de couleur et de sérigraphie. Chaque jour, une lune est mise à plat sur ses pieds, l’installation se métamorphosant progressivement en image finale, celle d’un grand calendrier à plat. Plus le temps passe, moins il y a d’espace pour se faufiler dans les rangées, l’installation se transformant en un ensemble que l’on ne peut appréhender qu’en tournant autour. L’exposition a par la suite fait l’objet d’une adaptation en livre Dans la lune aux Éditions du livre et publié avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles Grand Est et de la Région Grand Est. »

– cit. danslalune.org

 

« Lorsqu’il faut donner un conseil aux futurs étudiants en graphisme, Fanette Mellier répond : Je leur dirai une chose : soyez curieux, soyez impatients et soyez patients, pratiquez ! N’accordez pas d’importance à la visibilité et la reconnaissance qui ne sont pas un but en soi (et parfois un feu de paille), l’important est de labourer. Tous les graphistes d’exception dont je suis proche ont deux point communs: ils sont travailleurs et pensent librement. »

– Lisa Pagès cit. comgraph.hear.fr

 


Plus de ressources sur Fanette Mellier :

fanettemellier.com (instagram)
Découvrez la monographie bilingue qui lui est dédiée chez Art Book Magazine (un aperçu ici)
Conversation avec… Fanette Mellier réalisé par emballage collectif
→ Lire l’article de Victor Guégan : Des livres si bizarres. Fanette Mellier et la question de l’écriture
→ Plusieurs captations de conférences (1) (2)
→ Lire Fanette Mellier, Travailler la matière textuelle par Sandrine Maillet et Anne-Marie Sauvage
Réécouter l’émission Les Carnets de la création de France Culture
Un entretien mené par Strabic en 2013