Photographies de couverture et de l’article © Dennis Moya
–
Hello Dennis, comment ça va ?
Je vais bien merci. L’intervieweur interviewé, un exercice loin d’être facile.
Peux-tu nous décrire ton parcours professionnel ?
J’ai baigné dans la création depuis mon plus jeune âge et cela grâce à mes parents. Je me suis rapidement tourné vers les arts graphiques car c’est ce qui me plaisait le plus – les affiches, les magazines de mode, le typographie (mon père a fait une formation de peintre en lettre). Ce qui est très important pour moi c’est que je ne me revendique d’aucune école, ça a toujours été compliqué pour moi de m’inscrire au sein du système scolaire. Je n’ai pas de CFC (formation professionnel) et je n’ai pas de Bachelor, mais j’ai toujours été très curieux et j’ai testé pleins de choses. Je suis passé par quatre écoles différentes et j’ai beaucoup appris par moi-même. J’ai donc commencé à faire des stages et petits jobs dans le secteur des arts graphique. J’ai travaillé 6-7 mois dans un atelier de sérigraphie à Genève et puis quelques temps plus tard c’est dans une imprimerie Offset traditionnelle que j’ai appris les bases de cette technique. C’était une machine offset une couleur, tenue par un passionné qui a fait ça toute sa vie. Une fois par semaine je m’installais dans une pièce au fond de l’atelier et il me laissait dessiner toute la journée. D’ailleurs le fait de me garder un jours par semaine pour faire autre chose c’est quelque chose que je fais encore aujourd’hui. C’est très important.
En 2011 j’ai créé ligature.ch et ça m’a permis de rencontrer beaucoup de gens. J’ai fais la connaissance de designers, photographes, illustrateurs du monde entier. Sans en avoir encore pleine conscience, ses rencontres m’ont permis de me créer un carnet d’adresse solide. Le vrai tournant ça a été de devenir designer graphique assistant pendant une année chez Balmer Hählen à Lausanne (A3 Studio à l’époque). Ça a été un moment décisif. Ensuite j’ai enchaîné les boulots : designer chez Supero à la Chaux-de-Fonds, puis chez Marks, à Genève, un studio qui travaille pour le secteur de luxe. Puis il y a plus d’une année de cela j’ai rejoins l’équipe de Swiss Typefaces pour travailler avec eux en tant que designer. Je m’y retrouve complètement, j’adore leur attitude.
Peut-tu faire un résumé de ce qu’est Ligature.ch ?
Ligature.ch est une plateforme en ligne où l’on publie des articles et interviews dans les domaines du design graphique, design industriel, type design, design de bijoux, etc. C’est avec Tiffany Bähler qui est la rédactrice du département « product design » et associée au projet Ligature depuis le début que nous faisons tourner la machine. Ligature est avant tout un projet plus large où nous organisons de conférences (les Connections), créons de nouveaux projets comme le réseau @swissposters ou encore Ligature Books qui est notre nouvelle libraire en ligne. Donc Ligature est avant tout un état d’esprit qui nous poussent à créer et connecter les gens.
Quel étais le but recherché à son lancement ?
Partage / passions / collection
Pourquoi avoir choisi le mot ligature ?
Ça vient du terme technique « ligature typographique ». La liaison. J’ai transposé cette idée de lien à mes passions: la mode, la photographie, le graphisme, la typographie, le design, etc. tout est lié c’est pourquoi j’ai choisi le mot ligature.
Face aux autres médias, qu’elle est valeur ajouté de Ligature selon toi ?
Ce n’est pas la valeur ajouté principale mais de dénicher des talents, des créateurs qui ne sont pas ou peux exposé encore ailleurs. Je sais que l’on est suivi par de plus gros médias qui ont soifs de contenu pour alimenter leurs propre plateformes et n’hésites pas à contacter directement après la publication de nos interviews les designers concernés.
Comment choisis-tu les personnes que tu vas interviewer ?
C’est le résultat d’un vrai travail de recherche et de curation. Je suis hyper connecté, j’ai des réseaux, établies et nouveaux qui se créer quotidiennement à l’aide desquels je cherche et découvre des créatifs. C’est également très spontané, personnel et sur le moment. Il y a certainement des interviews réalisée il y a deux ans que je ne referais plus maintenant. À l’heure actuelle la typographie et le graphisme sont beaucoup plus représentés et lorsqu’on a affaire à du design industriel les photos des objets sont très graphiques, très travaillées. Mais comme je l’ai dit précédemment ça évolue tout le temps et Tiffany qui dirige maintenant la section « product design » va apporter un nouveau souffle à la plateforme.
Quel sont vos critères de sélections pour vos différents articles ?
Il n’y a pas de critère particulier. Ce ne sont que des choix personnels.. Et ça évolue avec le temps. On est libre de faire ce que l’on veut. Les sujets abordé sur ligature ont évolué avec le temps et continue à évoluer.
En 2015 une version papier de Ligature.ch, Ligature Paper, a été publiée, quel est le statut de cet objet ?
C’est un peux un objet « statement ». J’avais besoin de le créer et le publier à ce moment la avec tout ce qu’il comprend : la variété des sujets (photographie, typographie, graphisme et design industriel), le choix du support journal, la mise en page, la typographie. C’est une extension matérielle de ce qui ce passe sur le site. Ligature Paper va continuer sous une nouvelle forme, et ça prendra le temps qu’il faut pour le réaliser. J’y tiens énormément car j’adore le papier, je suis passionné par l’édition. Je pense que les magazines (de mode en particulier) m’ont le plus influencé durant mon adolescence. Aujourd’hui ma bibliothèque est très importante pour moi.
Aujourd’hui, il est question de Ligature Books, une plateforme d’achats en ligne, orienté principalement vers des publications de design graphique, peut-tu nous parler de cette nouvelle direction ?
En réalité beaucoup des publications présentées ne sont pas des publications de design graphique mais ont un design qui intéresse les designers graphique et qui est important pour l’histoire du design graphique. Il y a une volonté de montrer des documents que je trouve importants. Sur Ligature Books il y a des publications contemporaines et des ouvrages plus anciens. Tout cela qui tent à être confrontés, comparé, analysé. Twen magazine par exemple était une publication pour jeune paru en Allemagne de l’Ouest durant les années 1960. Ce magazine contient un design éditorial d’une qualité remarquable pour l’époque. La grille, les choix typographique et photographique qui ont été réalisé par le directeur artistique Willy Fleckhaus, sont d’une force incroyable. Ce type de mise en page à influencé beaucoup de magazines par la suite.
Encore un exemple: On parle beaucoup des revues Octavo mais on ne les voient que très rarement. Même si il y a des monographies et des facsimilés qui ressortent, cela ne fait que renforcer l’importance de l’ouvrage original. Ce que je trouve intéressant c’est de proposer ce type de publications historique.
La création de Ligature Books va favoriser la distributions de plusieurs objets éditoriaux d’époques différentes, quel est l’objectif recherché ?
Comme tout mes projets, ça vient d’une passion personnelle. Je suis un collectionneur, je consacre du temps et de l’argent à dénicher des livres, catalogues et magazines qui portent de l’intérêt à mes yeux et qui sont souvent difficile à trouver. LIGATURE Books reflète en partie ce que je collectionne moi-même. Il y a une volonté de mettre sur le même plan différentes époque, de 1959 à aujourd’hui, afin d’exposer les liens, importances et rayonnement que certaines publications ont eu ou ont toujours actuellement.
Une autre réflexion intéressante est de faire comprendre aux visiteurs (et jeunes designers en particulier) que ce que je propose est souvent référencé comme publication d’influence dans l’histoire du design graphique et que je leur offre la possibilité d’acquérir l’objet originale. Le fait de proposer des éditions originale permet d’appréhender avec un œil nouveau et de mieux comprendre la publication dans son contexte, dans ça matérialité d’origine. L’importance de Avant Garde, Octavo, Twen, Neue Grafik, Typografische Monatsblatter, etc. Pour les publications antérieur aux années 1990, bien que le design suisse (et son influence) est une évidence dans les choix de publications proposées, la vraie finalité de sélection est la publication qui a marqué les esprits d’une époque, d’un groupe de gens, d’une génération. Quand aux publications contemporaines ce sont également des choix personnels de design contemporain et pertinents dans leurs contextes.
Quelle cible vise-tu ?
Les passionnés et les curieux.
Comment s’effectue le travail de curation autour de ces livres ?
Beaucoup de recherches et de questionnement sur la pertinence des choix…
Est-ce que tu peux nous raconter d’où te viens cette passion pour l’édition ?
Ce sont les magazines de mode et lifestyle qui m’ont influencé durant mon adolescence : Clark, Purple, Vogue, etc. et puis j’ai commencé à m’intéresser à des publications plus pointues comme 032c et SangBleu (C’est la que l’on voit que Swiss Typefaces n’ont jamais été très loin de mes influences). Je consacrais un budget magazine à l’époque…
Un mot pour les copains ?
We came from nothin’ to somethin’