Atlas Mnémosyne – Aby Warburg

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Atlas Mnémosyne composé par Aby Warburg entre 1927 et 1929.

« […] Pour le philosophe et historien de l’art Georges Didi-Huberman, un atlas est à peine fait de “ pages ” au sens habituel du terme: plutôt de tables, de planches où sont disposées des images, planches que nous venons consulter dans un but précis ou bien que nous feuilletons à loisir, laissant divaguer notre “ volonté de savoir ” d’image en image et de planche en planche. L’étalage, constituant alors l’ossature principale du dispositif qu’il décrit dans son essai Atlas ou le gai savoir inquiet.

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Les recherches de Didi-Huberman ont largement été irriguées par la vision d’un autre historien de l’art, Aby Warburg. Il développa à partir de 1926 une nouvelle approche de sa discipline en établissant des correspondances inattendues entre des reproductions d’œuvres parfois très éloignées dans le temps, le style et la technique, épinglées sur une toile noire puis photographiées avant d’être éventuellement modifiées. Son but principal était de déceler les survivances des formules du pathos (ou Pathosformeln), c’est-à-dire les représentations des émotions issues de l’art de l’Antiquité et leur résurgence pendant la Renaissance. Il nomma Atlas ce projet de cartographie mémorielle et mouvante du savoir visuel, interrompu par sa mort en 1929, mais de toute évidence inachevable dans son essence […] »

– Sébastien Morlighem cit. Figure de l’atlas, etapes: 220

 

« Warburg se définit lui-même comme « historien », un “ historien des images ” et non de l’art. En tant que tel, il cherche à retrouver ou à construire les liens qui paraissent unir les époques à partir de l’examen des images. Une telle démarche n’a en soi rien de très nouveau. Ce qui fait son originalité, c’est l’intérêt qu’il manifeste pour ce qui n’est pas l’image, mais que celle-ci rend accessible et qui rend celle-ci compréhensible : la vie des hommes, leurs passions, leurs peurs et leurs désirs, leurs activités, leurs modes de pensée ».

– Roland Recht cit. L’Atlas Mnémosyne

 

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« Si Aby Warburg a été le premier à définir une méthode d’interprétation iconologique, s’il a créé une bibliothèque des sciences de la culture unique au monde, l’innovation décisive qu’il a introduite dans le champ épistémologique de l’histoire de l’art est bien Mnémosyne: œuvre absolument originale et unique, dont l’ambition n’est rien moins, que de poser les fondements d’une grammaire figurative générale, et qui ouvre des perspectives dont la portée n’a pas encore été totalement mesurée. Par la complexité des problèmes auxquels s’est confronté Warburg face à cet immense corpus d’images, c’est l’attention de l’ensemble des sciences humaines qu’il a attirée sur son œuvre.

Resté inachevé à la mort de l’auteur, ayant mobilisé l’énergie intellectuelle et physique de ses dernières années, Mnémosyne peut être considéré comme l’aboutissement de toutes ses recherches. Il constitue le plus ambitieux corpus d’images jamais réuni, dont la genèse et l’évolution sont liées à une pratique discursive et à un mode de transmission du savoir que préconisait Warburg, mais qu’il convient aussi d’examiner sous l’angle de ses relations avec le problème de la mémoire et avec sa bibliothèque.

Aby Warburg (1866-1929) a laissé une œuvre inachevée et fragmentaire. Au croisement de l’histoire de l’art, de la philosophie, de l’anthropologie et de la psychologie historique, les recherches d’Aby Warburg ont marqué profondément plusieurs générations d’historiens de l’art (de F. Saxl à E. Wind, en passant par E. Panofsky et E. Gombrich) et contribué à donner à la discipline certains de ses principaux fondements méthodologiques. »

– cit. inha.fr

 

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1 Comment

  1. Très intéressant. Merci.
    PS/ Une oeuvre a échappée à la ligature œ 🙂

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