« Son expérience de peintre, notamment ses études des couleurs et des formes, sous-tend ses solutions graphiques. Anton Stankowski (1906-1998) se révèle un éminent créateur d’identités d’entreprise du fait de sa capacité à symboliser des forces ou processus scientifiques intangibles. Influencé par l’art de Max Burchartz, qui a été l’un des premiers disciples allemands de Theo Van Doesburg et dont il suit les cours à la Folkwangschule d’Essen. Pendant les années 1930 il travaille comme photographe et graphiste dans l’atelier de Max Dalang à Zurich, en compagnie notamment de Richard Paul Lohse, puis ouvre son propre studio à Stuttgart. »
– Alan & Isabella Livingston cit. Dictionnaire du graphisme –
« Stankowski avait été, dans les années 1930, l’un des défenseurs les plus opiniâtres de la ‹ publicité objective ›. Après la guerre, il devint directeur de la photo de l’hebdomadaire Stuttgarter lllustrierte, où il fut rapidement nommé rédacteur en chef. Il conçut de petites affiches qui étaient livrées aux marchands de journaux lors de chaque parution. Mises en pages dans la nuit et lithographiées le lendemain en deux couleurs, elles résumaient le sujet essentiel du numéro en un dessin, accompagné de quelques lignes de texte et de la manchette de la revue. Il réalisa également des dizaines de symboles et de logotypes. Présentée dans plusieurs livres, son approche prônait une participation active à la recherche. Ainsi, les graphistes devaient suivre l’évolution permanente des idées scientifiques et des inventions techniques, pour être capables de les représenter. Dans les années 1930, Stankowski démontra la qualité de son travail dans une série de publicités pour la société électronique Lorenz. L’abstraction de leur dessin résultait des recherches visuelles entreprises par Stankowski devant son chevalet de peintre.
La promotion des produits de l’industrie suisse amena la rencontre des différents courants avant-gardistes. Anton Stankowski avait déjà travaillé avec Max Burchartz et Johannes Canis dans la Ruhr, avant de s’installer à Zurich. De 1929 jusqu’à son retour en Allemagne, en 1937, il fut le pionnier du ‹ graphisme industriel ›. La technique de Stankowski était l’antithèse des illustrations métaphoriques de Baumberger et de Stoecklin. Il présentait le produit de la manière la plus claire possible, l’accompagnant seulement des informations indispensables, disposées asymétriquement, et aménageant l’espace grâce à une utilisation libre des filets. Composé uniquement en Akzidenz Grotesk, le texte utilisait hauts et bas de casse mais jamais uniquement des capitales. Stankowski se souvient de la façon dont il abordait un travail : ‹ Pour trouver une bonne idée d’affiche vantant un produit végétarien, il nous fallait vivre quelque temps comme des végétariens. › Stankowski réalisait lui- même la plupart de ses photographies.
En 1934, il conçut pour les cubes de bouillon Liebig, en collaboration avec Hans Neuburg, l’une des premières affiches constituées uniquement d’une photographie. La boîte est imprimée en jaune et le logotype ‹ Liebig › en vert. La maîtresse de maison, vêtue d’un tablier dont les carreaux répètent le motif du cube, photographiée en contre-plongée, est en noir et blanc. En imprimant la photographie à partir du négatif, Stankowski a exagéré le point de vue de l’enfant, déformant la partie droite de l’image pour concentrer l’attention sur le visage.
L’objectivité illusoire de la photographie était très appréciée des publicitaires. Elle pouvait montrer des produits familiers de façon inattendue, rendre intéressant l’ordinaire et lui donner un attrait irrésistible. »
– Richard Hollis cit. Le Graphisme de 1980 à nos jours –
« Au cours des années 1950-1960, il lance la ligne visuelle d’entreprises comme Standard Elektrik, Pausa AG et IBM. De plus, à la demande de la Ville de Berlin, il élabore une identité municipale couvrant les documents imprimés et la signalétique des bâtiments et des rues ; son projet comprend notamment un symbole composé d’une longue horizontale d’où s’élève une courte verticale, figurant la ville séparée par le mur. En 1970, il s’associe à Karl Duschek et O.S. Rechenauer dans un atelier de design baptisé Stankowski + Partner. »
– Alan & Isabella Livingston cit. Dictionnaire du graphisme –
Plus de ressources sur Anton Stankowski :
→ stankowski06.de
→ Plus d’images sur 2m2info.com, sammlungen-archive.zhdk.ch, lapetitemelancolie.com, kiefer.de, moma.org
→ Plus d’articles sur thinkingform.com, db-artmag.de, designersjournal.net
→ Consulter sur le sujet l’ouvrage Swiss Graphic Design de Richard Hollis