Roger Excoffon

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« Roger Excoffon (1910-1983) fut durant plusieurs décennies une figure majeure de la typographie, du graphisme et de la communication visuelle en France. La majeure partie des caractères qu’il a conçu pour la fonderie Olive de Marseille entre 1945 et 1971, avec le soutien actif de son directeur Marcel Olive et la complicité de ses collaborateurs (José Mendoza y Almeida, Gérard Blanchard), sont devenus des classiques de l’imprimerie publicitaire. Ils ont par ailleurs envahi l’espace urbain et les façades des magasins bien au-delà de la France et demeurent toujours visibles : nous avons tous rencontré un jour le Banco, cet alphabet de lettres capitales brut et dynamique, ou le Mistral, adaptation réussie de l’écriture de ‹ l’homme du xxᵉ siècle. ›¹ »
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« Plus tard, le Banco, alphabet qui connaîtra un succès mondial durant plusieurs décenies, doit sa gestation à la publication d’une interview du typographe Marcel Jacno dans une revue spécialisée, en 1950. Ce dernier, au service de Deberny et Peignot, y annonce la sortie d’un alphabet, le  Jacno l’année suivant. La petite photo qui illustre l’entretien montre Jacno à sa table de travail. Excoffon l’observe à la loupe et en élucide le dessin du Jacno. Il propose à Olive un alphabet de la même ‹ famille », à savoir une scripte épaisse, conçues pour des utilisations publicitaires, des enseignes etc. Marcel Olive répondit ‹ Banco › à son projet, à condition de sortir ce caractère dans les deux mois, afin de prendre de cours le rival parisien. S’en suivra un impressionnant succès qui éclipsera le Jacno et qui deviendra un élément visuel des années 1950 et 1960, synthétisant, avec la coupe trapézoïdale de ses fûts, ‹ le design français de l’époque, avec Jean Prouvé et Matthieu Matégot ›. C’est d’ailleurs certainement en pensant à l’architecte lorrain, qu’Olive communiquera sur le Banco en ces termes : ‹ métal conscient des mots. ›² »

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« À l’époque, il faut bien avouer que je ne connaissais rigoureusement rien à la typographie. J’étais jeune; j’ai voulu faire quelque chose de différent, et j’ai fait avec ce caractère, le Chambord, du ‹ sous-Peignot ›. Il faut dire que, comme tous les artistes de ma génération, j’étais fasciné par Cassandre; je venais d’ailleurs de découvrir le caractère typographique qu’il avait dessiné pour le journal Le Jour.³ »

« En 1952, Excoffon s’est exprimé au sujet de son fameux caractère ligaturé (le Mistral): L’entreprise m’a longtemps paru irréalisable. Conserver toute la liberté, toute la spontanéité d’une écriture malgré les impératifs rigoureux de la technique du plomb, semblait une gageure. Je m’y attachai. Plus j’allais avant dans ma détermination, plus celle-ci me semblait exigeante. En effet, j’étais persuadé qu’il me fallait jouer l’élan de la main qui déborde librement les formes de la convention, qui déforme les signes et n’en inscrit jamais deux de la même façon car chacun influence et est influencé dans le mot par le précédent et le suivant, par le bout de la ligne, par la vitesse de la pensée et celle de la main…

Voilà pourquoi, finalement, j’ai préféré ma propre écriture aux autres. Ce choix, ni pis aller ni mouvement de fatuité, m’était dicté par une obligation purement mécaniquefi; il me donnait un instrument de travail plus immédiat et plus précis. Enfin, pour obtenir une plus grande certitude dans l’alignement irrégulier moyen, une étude très poussée des données que fournit la cryptographie sur la fréquence des rapprochements des lettres en français m’a permis d’éliminer ou de prévoir, dans la plupart des cas, des suites d’alliances discordantes.⁴ »

¹ Sandra Chamaret, cit. ypsilonediteur.com
² Emmanuel Bérard en partenariat avec Nonfiction.fr, cit. strabic.fr
³ Roger Excoffon, cit. le gentleman de la typographie
⁴ Roger Excoffon cit. Petit traité de la ligature, Jérôme Peignot

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Plus de ressources sur Roger Excoffon:

rogerexcoffondatabase.tumblr.com
→ Un extrait du livre de David Rault, Roger excoffon Le gentleman de la typographie
→ Des articles en français sur les sites strabic.fr, grapheine.com, persee.fr et paris.blog.lemonde.fr (1) (2)
Une conférence de Tony Simões Relvas et Samuel Rambaud.
Réécouter l’émission de radio le gratin consacré à Roger Excoffon
→ Un peu de lecture avec le travail de mémoire de Jean-Philippe Bretin intitulé Roger Excoffon, l’homme de la griffe et du paraphe
Bellafonte, un caractère typographique libre de droit conçu en hommage au Calypso de Roger Excoffon.
→ Deux articles en anglais sur eyemagazine.com et typofonderie.com